↳ Nombre de messages : 971 ↳ Points : 190 ↳ Arrivé depuis le : 05/07/2017 ↳ Age : 34 ↳ Avatar : Lou de Laage↳ Age du Personnage : 22 ans ↳ Métier : What do you want? What are you ready to trade? ↳ Opinion Politique : Chaos, Violence rule her world. Freedom could kill her, but she’d rather go on. ↳ Niveau de Compétences : Niveau 2 - Teenage Monster↳ Playlist : Between the bars - Elliott Smith ¦ Seven Nation Army - The White Stripes ¦ John and Jehn - Vampire ¦ Bashung - Madame Rêve ¦ Queen - Killer Queen ¦ Hubert Félix Thiéfaine - Les Dingues et les Paumés ↳ Citation : Madness is the emergency exit. You can just step outside, and close the door on all those dreadful things that happened. You can lock them away. Forever. ↳ Multicomptes : Unique ↳ Couleur RP : Blanche
les petits papiers ↳ Copyright: W. Ohmygifhunt ↳ Disponible pour un topic?: Oui =D ↳ Liens du Personnage :
Sujet: Hidden Mer 25 Avr - 20:57
Hidden
You can’t Hide from Me. I see through your Eyes.
Our lives are not our own. From womb to tomb, we are bound to others. Past and present. And by each crime and every kindness, we birth our future.
Nuit. Le ciel se déploie en mille comètes scintillantes autour de son corps, aura brulante, chaude et dorée qui ravage les traits pales de son visage. Sa peau noircie au contact des étoiles. Ses mains fines tournoient dans l’air rance. L’oiseau fée frappe les parois de sa cage. Ses ailes enflammées ne traversent les barreaux froids, et son bec muselé est scellé par le poids d’un secret. Il brule, cendres qui se meurent pour mieux renaitre dans la chaleur du giron de sa cage dorée. Le ciel s’ouvre sur des constellations inaccessibles et lointaines. Promesses perdues d’univers inviolables. La liberté glisse le long des larmes silencieuses de la créature. Ses plumes fouettent le fer. Le velours de son cœur a le tranchant de ses pulsions frénétiques. La lumière qu’elle dégage est sulfureuse, brulante, saturée. De ces chaleurs qui dévorent les forêts d’émeraude et le ventre des mères trop amoureuses. De ces remembrances d’Hier et de celles, plus cruelles, de ce Futur à venir. Dans son lit, étendue dans ses draps humides, Kriss tremble sans s’éveiller. Vestige d’un instinct de survie plus affuté que la plus fine des lame, papier de verre contre sa peau de femme. Une blessure, une meurtrissure, invisible, intangible. Le sentiment que l’irrémédiable s’est produit, se produit, se produira. La clairvoyance d’un orage qui s’approche dans les lignes magnétiques de ces cauchemars qui s’embrasent. L’infime et infini bruissement de la nuit à son oreille. Et ces ombres, qui lui obéissent, chaotiques et aussi ardentes que celles que réveillent les révolutions les plus tumultueuses.
Le décor change. Kriss voit un visage. Des traits qui lui sont inconnus. La vie battante, furieuse, dans des iris étrangers et puis la mort vide et lasse dans le blanc vitreux. Le disque s’enraille, revient à l’oiseau feu, l’oiseau flamme, que les étincelles habillent de magie et que la magie enferme dans une cage. Ses pensées palpitent entre cet ailleurs fantasmagorique qui la possède, et ce étrange, landes inconnues, rides qu’elle n’a jamais vu. Un homme. Un visage. Sans histoire. Un labyrinthe de pensées qui l’appellent et la retiennent, pour la chasser encore. Ses rêves tournoient, voltigent, fouettent l’air de ses doigts qui se serrent sur les draps. Et des ongles qui blessent sa peau, comme pour la réveiller. Pour la rattraper. Avant qu’elle ne tombe dans la toile des pensées cachées, honteuses, ou dans cette cage contre laquelle les ailes de l’oiseau se brisent.
Les couleurs se bousculent, se parlent, s’embrassent et s’amourachent, pour se cracher en noirceurs obséquieuses, ou en ce rouge éclatant qui lui déchire la rétine et lui rappelle Beatriz. Cette chevelure qui cascadait le long de ses doigts alors qu’elle volait l’énergie fascinante de l’ensorceleuse. Les couleurs se précisent, des formes s’énoncent, se déplacent. Les traits s’accentuent. Des émotions sans mots qui se déploient le long du chemin qui la ramène à Hide. Et au milicien qui fut entre elle et cette liberté qu’elle chérit. Des sentiments fugaces. Les siens. D’autres qui s’emmêlent. Une angoisse, une excitation battante, ses jambes qui s’arquent autour de son échine, elle voltige et retombe. Mais le cadavre au sol n’est pas son œuvre. Et dans sa main le canon chaud d’une arme à feu empoisonne son air de sa fumée sulfureuse. Il y a une altération dans le souvenir. Un cauchemar, un virus. Hide qui hacke les circuits sinueux de son esprit torturé par la nuit. Le marionnettiste s’est emparé de ses pensées. Il est là, tapie, il l’attend, il se moque. La résistance fait battre son cœur mortifère. Une résistance brutale, violente, qui lui broie les cotes, comme ces bleus qu’il a laissés sur elle. Et pour échapper à son regard, Kriss s’est terrée dans son antre.
Et les heures passent, et l’anomalie se multiplie. Un visage qui se superpose à tous les autres visages. Des cauchemars, des angoisses, qui ne sont pas les siennes. Une peur profonde, maladie venimeuse qui tache le vert clair de ses yeux innocents. Un fantôme qui tourmente ses nuits et qui pourtant n’est pas le sien.
Et cet autre mirage, cette distorsion de l’image, dans le coin de l’écran. Est-elle la seule à la voir ? Est-elle la seule à la lire ? Ce signal court, furtif. Les cornes du Minotaure. N’y a-t-il qu’elle pour entendre son message ?
L’appel, comme le son chuintant de cette fréquence clandestine, a fait frissonner son âme. Il disait. Méfie-toi, mon frère, ils sont sur nos traces. Depuis il tourne en circuit court dans son esprit. Comme ce visage qui s’interpose, qui voudrait faire reculer le jour, retirer les sourires qui perlent sur ses lèvres, et se mourir les lueurs de son regard. Une noirceur se glisse sous ses paupières, qui n’est ni la sienne ni celle d’aucun des monstres qui la hantent. Il y a un mal qui fleurit dans son cœur, une rose épineuse qui se déploie le long de sa colonne vertébrale mordant ses humeurs et ses gestes de ses pics venimeux. Il y a des pétales qui se déploient au travers de ses rêves, qui chutent et qui pourrissent sur le tapis de sa paix. Sa paix inexistante, bafouée, jetée comme un vulgaire os aux chiens errants, rongée jusque la moelle. Et les clameurs de la résistance à son oreille.
Les grincements des vidéos, les grincements de dent, ces secrets que l’on vend, qui nourrissent les pauvres gens, ceux qui n’ont rien d’autres à faire de leur temps que de le perdre. Ces grincements-là, Kriss ne les entends pas, pas tout de suite. Elle est isolée, perdue dans ses semi-vérités qui se chevauchent, dans les gémissements de ses pères, dans les angoisses de ce visage. L’œil fixe, presque glacé, inquiet mais solide. Comme si elle regardait une menace qui s’approche et lentement s’emparait de ses armes. Attendant que ne s’en viennent les miliciens jusqu’au pied de sa porte. Après tout, elle a encore tué l’un des leurs. Peut-être serait-ce Hide, de nouveau, frappant à sa porte sous le masque d’un messager, pointant son doigt sur une cible, lui rappelant que sa liberté est au prix de ses secrets, et qu’elle est prise au piège des fils tranchants de ses propres histoires. Mais rien, pas encore, ni les miliciens, ni Hide. Alors Kriss sort le bout de son nez, découvre les rediffusions de ces secrets exposées à tous.
Le sien, surtout.
Les siens, aussi. Sa maitresse découverte, signant peut-être l’arrêt de ses transactions irrégulières. Puis Joseph, l’homme loup, le crime au ventre comme un poing qui s’enfonce, encore et encore, eut-il l’âme aussi noire que la sienne et l’appétit carnassier des bêtes sauvages. D’autres ombres vaguement familières, dont elle se désintéresse. Kriss devrait courir auprès d’Aritza, la protéger, l’éloigner de la violence et du Mal, tuer pour elle, encore. Et sans doute devrait elle donner sa lame à celui qui la sauva, aux esquisses de son âme. Mais il y a ces lettres lues. Ce ne sont que des lettres. Mais elles portent un nom, et une histoire qui lui sont chères. Elles ont la valeur de celle qu’elles blessent. Cette lueur rouge, lumière pénétrante, ensorcelante et dévastatrice. Ce souffle d’espoir qui fait gémir l’âme calcinée de celle qui aimerait bruler les traits de son visage pour ne plus devoir se rappeler des frasques du Minotaure. Mais il y a Noah maintenant, celui dont elle évite le regard, celui qu’elle refuse de voir. Elle n’est plus l’enfant prodige, elle n’est plus l’enfant prodigue. Elle n’est plus l’échappée, elle n’est plus le secret. La Mina est moins importante, puisque damnée déjà, rattrapée par la fournaise et la nuit. EN lui bat encore l’espoir incandescent qu’il puisse mettre à terre la bête infernale.
Maudit soit Hide. Maudit soient les écrans. Maudit soit Minotaure. Pourquoi a-t-il sauvé son secret ? Fut-elle l’occasion d’une nouvelle transaction ? Pourquoi dévoiler celui de Beatriz ? Fut-elle aussi l’objet de son abjecte acquisition le temps d’une mission ? A-t-elle failli ? Est-ce à ses rêves que se mêlent les siens ? Est-elle la Muse ou le Réceptacle de ces fragments de souvenirs, de ces cauchemars qui traversent ses nuits ? Et si c’était Beatriz vraiment, cette peur, ces tourments, cette douleur. Ses rêves sont d’habitudes moins sombres, elle n’a pas les épines cruelles de la créature malfaisante. Si cela devait être elle, alors, c’est certain, Beatriz est en danger. Et qu’importe son secret. Cette noirceur qui habille ses pensées est l’œuvre d’un bien plus grand mal. Kriss s’est bien trop battu contre le Minotaure pour ne pas reconnaitre des batailles qui ne peuvent être gagnées, celles qui détruisent les âmes et tordent les cœurs. Le sien ne vaut plus rien, mais celui de Beatriz, il bat encore.
Alors, Kriss ignore ces menaces qui planent dans le coin de ses yeux, ces ombres qui se rapprochent. Ce gouvernement qui exige sa capture, ce Hide qui aimerait qu’elle se batte pour des principes. Elle ignore l’appel de détresse du Minotaure. Et son instinct de survie qui lui supplie de rester cachée. Elle quitte la demeure hantée du Through the Never, et ose s’avancer jusqu’à la maison de celle sur laquelle les yeux du monde se déposent. Par crainte d’être vue, ou peut-être par crainte que Beatriz lui refuse l’entrée, la mercenaire ne passe pas par la porte, mais par une fenêtre. Il est tard, ce n’est pas encore la nuit. Mais les murs sont silencieux. Alors qu’elle s’avance à pas de loup dans le couloir, une ancre semble s’abattre dans le fond de son ventre. Une menace rend fébrile ses sens. L’air est différent, plus lourd, comme si les fenêtres ne s’ouvraient plus, comme s’il était aussi toxique que celui de Darkness Fall. Il n’y a pas de bruit d’enfant, la maison est morte, ou agonise. Il y a une odeur de sang, d’humeur, de mort, une odeur de blessure. Et surtout ce désordre dans les détails, comme si rien n’était à sa place, comme si ce n’était plus important. Son cœur bat plus vite, parce qu’elle a peur d’arriver trop tard, de ne pas avoir su lire dans ses cauchemars, la douleur et la peur. De ne pas avoir compris assez vite, obnubilée par sa crainte d’Hide et du Minotaure.
Et, enfin elle la voit.
Kriss se statufie, ce n’est qu’une silhouette, qu’une ombre qui se révèle à elle, encore lointaine. Beatriz existe dans son regard fort et frontal, dans sa chevelure aux nuances enflammées de la traine de l’oiseau de feu. Elle palpite dans sa force, sa puissance, cette assurance de pouvoir toujours se relever. La femme qu’elle aperçoit ne lui ressemble pas, elle est étrangère. Et pourtant sous ses traits se dissimule la passagère du labyrinthe. Kriss l’appelle, et c’est un murmure, à peine, qui traverse ses lèvres.
Beatriz
Ses yeux s’écarquillent, ses mains se serrent, et puis sa voix, brutale, claque dans l’air, dans une remontrance.
Mais dans quel état tu t’es mis.
Et ce silence qui traverse ses lèvres quand elle aimerait souffler des mots, encore. Des excuses pour ne pas être venue plus tôt, des menaces pour pouvoir rester, et puis, peut-être, quelques mots de réconforts, comme des baisers, pour réveiller de la douceur, pour pouvoir la prendre dans ses bras, et la bercer de quelques mots droits. Pour lui faire oublier la profondeur de la nuit et la blancheur des yeux vitreux. Pour faire renaitre la lumière dans sa chevelure de feu.
Beatriz M. Deveraux
MASTER OF ILLUSIONS
↳ Nombre de messages : 886 ↳ Points : 269 ↳ Arrivé depuis le : 20/10/2017 ↳ Age : 34 ↳ Avatar : Katherine McNamara ↳ Age du Personnage : 24 ans ↳ Métier : assistante d'Esperanza O'Connell, au Mary Rose. Anciennement barmaid. ↳ Opinion Politique : neutre. Pro gouvernement pour les apparences, coincée dans ce rôle qui la fait se sentir comme un imposteur. ↳ Niveau de Compétences : Un travail acharné dès l'adolescence lui a permis d'atteindre un niveau 3 général ( niveau 4 en perception de fantômes, niveau 3 en rêves prémonitoires, elle pratique le reste de façon très sporadique et très superficielle.) Cependant, en raison des événements qui ont bouleversé sa vie et de la magie qui disjoncte, ses compétences générales sont retombées au niveau 2. ↳ Playlist : way down we go + kaleo
hard times + seinabo sey
sober + p!nk
cupid carries a gun + marilyn manson
sin + nine inch nails
criminal + fiona apple
take me down + the pretty reckless
gods and monsters + lana del rey
humanity + scorpions
cold little heart + michael kiwanuka↳ Citation : Before embarking on a journey of revenge first dig two graves. ↳ Multicomptes : aucun ↳ Couleur RP : #6699cc
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Sujet: Re: Hidden Mar 15 Mai - 20:33
Hidden
Beatriz & Kriss
I will burn for you, feel pain for you, I will twist the knife and bleed my aching heart and tear it apart. I will lie for you, beg and steal for you, I will crawl on hands and knees until you see you're just like me - Garbage "Crush"
Il a osé. Cet immonde fils de pute avait osé divulguer nos secrets, malgré sa promesse de ne pas le faire. À l'évidence, celui qui s'était autoproclamé justicier n'était même pas capable de respecter sa parole et à mes yeux, il n'y avait rien de pire que quelqu'un qui ne tenait pas ses promesses. À quoi cela l'avançait-il de se mettre à dos celles et ceux qui s'étaient donnés tant de mal pour aller jusqu'au bout des missions qui leur ont été confiées ? Hide aurait pu faire de nous ses alliés, en lieu et place de cela il n'y avait plus qu'une poignée de personnes qui rêvaient de lui faire la peau. Hide était cependant loin d'être ma priorité du moment. A dire vrai, démasquer Hide pour régler son compte une bonne fois pour toutes était tout en bas de la liste de mes préoccupations actuelles. Jusqu'à présent, j'avais réussi à garder le contrôle sur ma vie mais je sentais que je perdais peu à peu la main sur le cours des événements. Celle-là, je ne l'avais pas vue venir. Si il y a quelques semaines on m'avait dit que j'allais braquer l'armurerie de la milice pour le compte d'un justicier masqué, je lui aurais sans doute ri au nez. L'idée, en soi, était plus que grotesque mais c'était arrivé et il fallait composer avec ça. En quelques heures j'étais passée de fervente adoratrice du gouvernement à terroriste avec un fort potentiel. Bien entendu, personne n'en savait rien, notre anonymat avait été garanti et pourtant j'avais quand même l'impression que c'était inscrit en gros caractères au milieu de mon front. Si seulement il n'y avait que ça. Un braquage était une chose. Ce n'était pas le fait d'avoir volé des armes aux miliciens qui me faisait me sentir terriblement coupable. Un braquage, ce n'était rien, en fait. Tout le monde l'ignorait et c'était sans doute mieux ainsi, mais je me traînais un passé fait de squattages divers et de menus larcins. Même si cela m'avait valu un passage dans les arènes, je ne regrettais rien. À partir du moment où j'avais quitté le domicile familial, il a bien fallu que je me débrouille pour survivre. J'étais sans le sou, sans domicile fixe, je bougeais de ville en ville pour satisfaire ma soif inextinguible de connaissances, je rendais service à ceux qui voulaient bien me loger et tout le monde était content, c'était un deal gagnant-gagnant.
Un meurtre, par contre, était toute autre chose.
C’était ni plus ni moins ce dont il s'agissait, un meurtre. Peu importait que j'aie eu la volonté de donner la mort ou non, le résultat était le même. Ce jour là, quelqu'un était mort dans l'armurerie et j'en étais la seule et unique responsable. Ce n'était ni Hide le commanditaire, ni Margarethe le témoin, c'était moi, seulement moi. J'étais seule face à mon forfait, et c'était seule que j'en assumerai les conséquences. Pour la énième fois depuis que c'était arrivé, ma carcasse se mit à trembler lorsque le souvenir effleura ma mémoire. Je tremblais quand mon regard croisait les orbes vitreux de celui qui gisait à terre, baignant dans une mare de sang. Je sursautais lorsque j'entendais comme des coups de feu, alors même que le port d'armes était interdit, ce qui aurait été impensable quelques années plus tôt Parfois je me demandais ce que Hide avait bien pu faire des flingues que nous lui avons procuré. Comptait-il s'en servir pour abattre toutes les gros bonnets du Gouvernement, comme cela a été le cas à New York, il y a de cela cinq longues années ? Le temps paraissait s'étendre à l'infini quand on trimait, quand on souffrait. Mon dieu, qu'avions nous fait ? Dans quelle mesure allions-nous être responsables d'un nouveau massacre ? Combien de personnes seront encore sacrifiées sur l'autel de leurs jeux pervers ? C'était dans l'ordre des choses, disaient-ils, depuis la nuit des temps les plus grands se gavaient sur le dos des affamés, les riches devenaient toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. Je le constatais tous les jours en allant travailler au Mary Rose. En tout état de cause, j'avais choisi de me ranger du côté des puissants, des clinquants, vendant mon âme au diable pour que mon fils ne manque jamais de rien.
Les révélations de Hide étaient un premier coup porté à mes belles certitudes. Elles étaient fortement ébréchées, mes convictions, mais elles étaient toujours debout, ne tenant qu'à un fil. Pourquoi, Hide, pourquoi tu as fait ça ? Qu'avais-tu à gagner en détruisant la vie de toutes ces personnes dont la mienne ?
Depuis des jours, je me terrais dans mon antre, à l'instar d'un animal blessé. Je n'en sortais que pour aller travailler, parce que m'enfermer dans ma routine avait quelque chose de rassurant. Je ne voyais plus le monde autour, toutes ces silhouettes s'effaçaient peu à peu alors que je m'enfoncais toujours plus loin dans mes propres abîmes. Je ressentais encore la lourdeur du flingue dans ma main frêle et délicate Je ressentais encore les vibrations si particulières du métal, qui picotaient ma peau et pénétraient ma chair. Je me rappelais de mon besoin de m’en débarrasser, comme une patate chaude. Je n'avais jamais aimé les armes à feu, et maintenant je savais pourquoi. Toute ma vie durant, je me rappellerai de cet instant précis où tout a basculé, où la vie a laissé place à la mort. J'étais la main qui avait coupé le fil, la main toute puissante qui avait eu le droit de vie ou de mort sur un illustre inconnu. La scène passait en boucle dans ma tête et je la modifiais à ma guise, je changeais la fin, ou bien j'effaçais les détails qui dérangeaient. Cela rendait la douleur qui me rongeait de l'intérieur un peu plus supportable, un peu moins pénible. Pourtant, jamais l'homme ne revenait à la vie, dans aucun des scénarios que j'échafaudais avec tant de soin. L'issue, elle, était toujours fatale, que ce soit pour lui ou bien pour moi.
Parfois, je le voyais au beau milieu de mon salon, comme s'il eut été avec moi. Il me parlait, il me jaugeait des pieds à la tête. Je le voyais exactement tel qu'il était mort : jeune et fringant dans son uniforme flambant neuf, fier de représenter une institution telle que celle qui gouvernait notre pays à la dérive. Je le voyais beau comme un soleil, l'innocence au fond des yeux et le sourire charmeur au bord des lèvres. Il avait quoi, vingt ans tout au plus ? Il était plus jeune que moi et pourtant il bouffait déjà les pissenlits par la racine, tout ça par ma faute. Je pensais à Noah, des fois, à ce qu'il sera à cet âge là alors que pour moi, ce sera le début de la fin, l'ombre de la vieillesse planant au dessus de ma tête. Encore faut-il que je vive jusque là. Et, comme pour me ramener à ma chair mortelle, la plaie de mon bras se réveilla. Je dus m'appuyer sur le bord du plan de travail pour ne pas tomber, pour garder les pieds bien ancrés au sol. Ma respiration était sifflante, haletante, au point que les larmes me montèrent rapidement aux yeux. Chaque mouvement était insupportable, un seul grain de sable, minuscule, suffisait à dérégler l'engrenage. Je fermai les yeux quelques instants, pour oublier le monde qui tanguait un peu trop.
Beatriz.
Mon prénom, soufflé du bout des lèvres me fit l'effet d'une claque. Saisie, les mains tremblant sous l'effet de la panique, j'attrapai la première arme qui était à ma portée. Il s'agissait d'un couteau de cuisine, dont je me servais pour hacher menu les racines et les feuillages que je faisais infuser dans de l'eau bouillante. Le poing serré autour du manche, la lame brandie comme une épée, je me retournai vivement pour faire face à cette voix accusatrice. Je tombai alors nez à nez avec un de mes vieux démons, un démon qui m'était très familier, peut-être même un peu trop.
« Mina. » soufflai-je d'une voix chevrotante, brisée, alors que la main qui enserrait le manche se mit à vaciller violemment. « Je ne t'ai pas entendue arriver. »
Je me rappelais alors de la fenêtre que j'avais laissée ouverte pour aérer cette maison qui puait la mort. Seule cette lame nous séparait, nous maintenait à une distance raisonnable. Les larmes montèrent derechef.
« J'en déduis que tu es au courant. » dis-je alors d'un ton égal. Ce n'était pas un reproche, juste un constat. « Si tu es au courant alors les autres le seront bientôt, les nouvelles vont vite. » Par les autres, j'entendais ton oncle, mais aussi ma propre mère, ma hantise, ma plus grande crainte. « Tu es venue pour contempler le spectacle ? Ou bien tu es là pour me dire quelque chose du genre tu vois, je te l'avais dit ? »
Parce que personne n'est innocent, Mina, toi-même tu l'as dit, l'autre jour, avant de sous-entendre que Noah pourrait avoir un peu de toi en lui. Un frisson d'horreur me hérissa toute entière. Je pleurais et je haletais, écrasée par le chagrin et le poids de ma propre culpabilité. Monstre. Je n’étais certes pas une moitié de créature, j'étais même tout ce qu'il y avait de plus humain et c'était bien cela qui posait problème. J’étais une des nombreuses illustrations de ce que l'être humain avait de pire en lui, et je mériterais de brûler en enfer pour tout ce que j'ai fait. Sauf que l'Enfer n'existait plus, ou tout du moins plus comme il avait toujours été, immuable, intemporel. Si je venais à mourir demain alors mon âme sera à jamais perdue.
Made by Neon Demon
Kriss M. Grimm
SUCKER FOR PAIN
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Sujet: Re: Hidden Jeu 7 Juin - 16:55
Hidden
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Our lives are not our own. From womb to tomb, we are bound to others. Past and present. And by each crime and every kindness, we birth our future.
Incandescente, la rousse est d’une couleur plus terne, comme lavée par les embruns d’un océan joueur ou vieillie avant l’âge par la lumière du soleil. Des rides, fatigues nocturnes, courent sur son visage. Une faiblesse scintille dans ses pupilles. Kriss aimerait la gifler, ou planter si profondément ses griffes dans son âme qu’elle se forgerait une carapace d’acier et qu’elle ne tremblerait plus. Elle aimerait réveiller la force et la puissance dans l’âme usée de la passagère du labyrinthe. Lui redonner le pouvoir qui fut sien, faire briller les nuances carmines dans sa chevelure et une lueur de défi dans son regard. Et déjà entre ses lèvres se forment des insultes, des attaques et autant de moyens d’élever sa colère et de faire vibrer sa fureur. Kriss peut être le monstre plus grand que tous les autres, celui qui se cache dans les ombres pour mieux la tourmenter, éloignant les autres par sa simple présence. Elle peut être l’objet de la crainte et son réconfort quand viendront d’autres dangers. Kriss aimerait être son Minotaure. Lui faire peur, la faire trembler, la faire courir à son rythme, et ne jamais flancher devant l’obstacle. Elle aimerait laver Beatriz de ses peines pour ne plus être que la seule morsure, la seule épine dans son échine. Kriss aimerait lever sa voix grondante comme son bras, et réveiller l’éclat dans ses iris. Mais un soupir passe sur les lèvres de Beatriz, ou est-ce une plainte. Un soulagement ou une fatigue s’empare de sa voix, et cette lame que la rousse tient entre elle deux et qui ne s’abaisse pas, même si l’arme tremble entre ses doigts. Son nom toujours, entre les lèvres de celle qui en connait la signification, lui fait l’effet d’une déflagration. Une énergie qui glisse le long de son échine, électrise ses cotes. Une sensation d’appartenir à quelque chose d’ancien, d’ailleurs. Un appel plus profond, et peut-être plus doux. Qui fait se taire ses lèvres et s’adoucir son cœur.
Kriss aimerait la secouer, mais elle perd toute sa dureté. Elle peut se sentir s’attendrir comme une fleur ouvrirait ses pétales au soleil. Pour se gorger de lumière. Pour ne noyer dans les flammes rousses de sa chevelure. Et même si les mots de Beatriz sont amers. Ils portent une paix qu’elle ne connait nulle part ailleurs. A elle, Mina aimerait susurrer sa peine. Lui souffler que les armées glacées du gouvernement traquent ses pères. Que le Minotaure est à l’affut, qu’il court plus vite dans le labyrinthe, lui aussi pourchassé et peut-être, un jour, vaincu. Elle aimerait lui souffler combien elle aimerait bien courir, mais elle ne sait dans quel sens. Combien elle aimerait que personne ne touche à la fourmilière, de peur de voir jaillir mille secrets. Son nom, son identité, aux yeux de tous et d’une manière encore plus vulgaire que les diffusions publiques d’Hide. Ses lèvres pourraient accueillir des confessions et même l’énonciation difficile de ses craintes. Mais Beatriz est fragile. D’une fragilité effrayante. Comme si elle fut plume et brûlée par les émanations toxiques du Phoenix. Il n’est pas l’heure de lui confier davantage de peines pour alléger les siennes. Il n’y a pas de surprise sur son visage. Mais des larmes salées, glissantes. Comme la première fois, quand Kriss s’était invitée chez elle pour lui demander des comptes.
Est-ce de me revoir Beatriz, qui te fait pleurer ? Et sa froideur dans sa voix qui se veut égale bien que faible. Ce besoin peut-être de l’éloigner ou de l’approcher, de ne parler que de ce qui blesse. Et de ces ombres qui les éloignent. Kriss reste figée, muette. Sentant presque ces fantômes qui les enserrent. Comprenant que Beatriz ne parle pas du visage qui se répète dans ces rêves, mais juste des lettres qui furent son secret. Elle souffle.
Ne dis pas de bêtises.
Ne peux-tu pleurer que dans mes bras ? Où sont-ils, les autres ? Ont-ils pris Noah pour l’éloigner de toi ? Où est ta sœur ? Où sont les lumières qui t’éclairent et t’accompagnent, me bousculant dans les ombres ? Ont-elles pris peur ? Il n’y a personne. Peut-être est-ce uniquement la nuit qui peut rassurer le jour. Ou les monstres qui peuvent habiter les songes. Peut-être Beatriz a-t-elle chassé tout le monde autour, mais qu’elle ne peut pas chasser une ombre. Kriss s’avance avec douceur, comme si le moindre de ses gestes brusques pouvait effrayer la fleur qui s’étiole, comme si le moindre coup de vent pouvait lui arracher les pétales.
On s’en fout des autres.
L’ombre de son oncle glisse quelques instants dans ses prunelles. Lui. Peut-être. Il pourrait se jouer d’elle comme d’une poupée. Il pourrait faire virevolter ses pensées et éclater ses vérités. Mais lui aussi se moque de la foule et des histoires du passé. Si Kriss pouvait prendre son apparence et sa voix, elle l’utiliserait grondante pour lui promettre une vengeance. Enfin, peut-être. Il est de la résistance lui aussi, et probablement au service de Hide. Peut-être a-t-il vu les lettres avant que le monde ne les lise, peut-être les a-t-il laisser passer. Pour réveiller l’eau qui dort et la sorcière qui a oublié la fureur des Hunger Games et s’est rangée dans les rangs du gouvernement. Peut-être pour se venger, lui aussi. Peut-être que sa logique pourrait envenimer l’esprit de Kriss et la rendre moins douce, plus exigeante. Mais il n’est pas là, lui non plus. A surveiller Noah ou à protéger Bea. Il n’y a qu’elles, et le monde dehors ne l’intéresse pas. Seule compte cette créature blessée, aux couleurs fades et à la lumière éteinte. Et ce qu’elle pourrait dire ou faire pour la soigner, pour rallumer le feu dans ses yeux usés.
De ce qu’ils peuvent penser, de ce qu’ils peuvent croire.
Son pas est plus lent, et son geste plus sûr. La lame tremblante touche son corps. L’acier sur le tendre, le tranchant sur le doux. Une infime perle noire glisse le long de sa poitrine, se perds dans ses vêtements. Kriss s’arrête un instant, tenue à l’écart par la volonté vacillante de Beatriz. A la merci de l’arme qui pourrait bondir sur son cœur, dont elle sait néanmoins qu’elle n’en fera rien.
Pourquoi tu ne m’as pas appelé ? Pourquoi tu ne m’as pas demandé de prendre ta place quand Hide t’a appelé ?
Mentir à Beatriz ne lui vient pas à l’esprit. Elle aussi s’est pliée aux plaisirs du marionnettiste masqué. Quant à l’appel, s’il fut à travers les rêves, Kriss ne l’a pas entendu.
Tu sais que j’aurais tout fait pour te protéger des autres.
Il n’y a que moi qui te possède Bea. Et Noah a besoin d’une mère. Kriss protège le sang de son sang, les siens. Et même ceux qu’elle aime. Beatriz n’aurait jamais dû y aller seule, sans elle pour surveiller ses arrières. Quoi qu’elle est fait, ce fut dangereux et vain. Sa main se lève doucement, et malgré la distance inspirée par la lame, elle s’en vient caresser sa joue, chasser les larmes amères comme elle aimerait chasser la douleur. Elle offre et ses lèvres sont généreuses car il y a peu qu’elle ne pourrait trouver sur le marché noir.
De quoi as-tu besoin ?
Et puis de ses doigts, elle abaisse la lame, cette dernière barrière entre elle et la passagère de son âme. Kriss ne la lui retire de la main, comme elle l’aurait fait d’une enfant. Elle la laisse, entre ses doigts, trembler à tout va. Sa main glisse le long de son bras, remonte, elle avance d’un pas. Jusqu’à ce que son corps effleure celui de Beatriz et que chaque frisson, chaque sanglot, les unissent. Lentement, elle enserre sa taille, la rapproche d’elle et pose la tête menue de la sorcière contre la sienne d’une main douce. Kriss la laisse, contre elle, ondulant lentement pour mieux la bercer. Caressant sa chevelure de feu de ses doigts tendres, attendant que son souffle se calme, s’apaise. Et puis, redressant un peu son visage de son doigt, alors que si proche elle chute dans les yeux embués de la sorcière, elle murmure une blessure.
Qui est cet homme qui est mort ?
La blessure doit être ouverte, lavée au sel des larmes amères et des colères mortes. Dans ses rêves, elle s’était nécrosée, infecte, pleine du pus de la culpabilité et du fiel du remord. Il lui faut l’ouvrir, la nettoyer, soigner l’âme qui se meurt avant que ne s’éteigne celle qu’elle aime. Ses yeux sont sans jugement, sans honte, ni frémissement. Ce sont des yeux doux, qui demandent. A elle, Beatriz peut tout dire, elle l’a déjà vu mourir des milliers de fois dans ses rêves.
Beatriz M. Deveraux
MASTER OF ILLUSIONS
↳ Nombre de messages : 886 ↳ Points : 269 ↳ Arrivé depuis le : 20/10/2017 ↳ Age : 34 ↳ Avatar : Katherine McNamara ↳ Age du Personnage : 24 ans ↳ Métier : assistante d'Esperanza O'Connell, au Mary Rose. Anciennement barmaid. ↳ Opinion Politique : neutre. Pro gouvernement pour les apparences, coincée dans ce rôle qui la fait se sentir comme un imposteur. ↳ Niveau de Compétences : Un travail acharné dès l'adolescence lui a permis d'atteindre un niveau 3 général ( niveau 4 en perception de fantômes, niveau 3 en rêves prémonitoires, elle pratique le reste de façon très sporadique et très superficielle.) Cependant, en raison des événements qui ont bouleversé sa vie et de la magie qui disjoncte, ses compétences générales sont retombées au niveau 2. ↳ Playlist : way down we go + kaleo
hard times + seinabo sey
sober + p!nk
cupid carries a gun + marilyn manson
sin + nine inch nails
criminal + fiona apple
take me down + the pretty reckless
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cold little heart + michael kiwanuka↳ Citation : Before embarking on a journey of revenge first dig two graves. ↳ Multicomptes : aucun ↳ Couleur RP : #6699cc
les petits papiers ↳ Copyright: moonic ↳ Disponible pour un topic?: Oui =D ↳ Liens du Personnage :
Sujet: Re: Hidden Sam 7 Juil - 20:03
Hidden
Beatriz & Kriss
I will burn for you, feel pain for you, I will twist the knife and bleed my aching heart and tear it apart. I will lie for you, beg and steal for you, I will crawl on hands and knees until you see you're just like me - Garbage "Crush"
Chacun de mes muscles était bandé, tendu à son maximum. Au creux de mon poing, la lame tremblait mais ne frappait pas. Même si je l'avais voulu de tout mon être, de toute mon âme, j'aurais été incapable de planter le couteau dans la chair de l'étrangère. Si la menace avait été réelle, j'aurais été incapable de l'éliminer. Elle était là, l'odieuse vérité, celle qui faisait mentir cette maudite lettre. Je n'étais pas ce monstre que Hide avait jeté en pâture à la curiosité morbide des voyeurs de tout poil, cette personne que ces quelques lignes décrivait, ce n'était pas moi. Comment aurais-je pu l'être, moi qui avais si peur de tout, même des ombres ? Comment aurais-je pu l'être alors même que je me barricadais entre ces murs depuis plusieurs jours, disparaissant ainsi de la circulation ? En agissant ainsi, ne faisais-je pas aveu de culpabilité ? Et toi, qu'en penses-tu, Mina ? Toi qui me connais si bien, ne crois-tu pas que ces mots cruels puissent être vrais ? Je n'avais peut-être pas tué mon infortuné père, mais je t'avais laissée mourir des dizaines de fois, prisonnière de ton labyrinthe, en proie à un supplice perpétuel. N'était-ce pas ça la damnation éternelle, ne pas pouvoir rejoindre la lumière ? À présent que j'étais plongée dans l’obscurité, que je ne semblais pas voir le bout du tunnel, n'était-ce pas tout ce que je méritais ? Il fallait bien que je sois punie pour mes mauvaises actions, tu ne crois pas ? Pourtant tu étais là, à me réconforter comme si rien de tout cela n'avait la moindre importance. Tu étais là alors que je n'avais eu que cesse de te rejeter, de garder mes distances avec toi.
On s'en fout des autres, disais-tu, comme si c'était nous contre le reste du monde. Ce qu'ils pouvaient penser ou croire n'avait pas la moindre importance.
J'aurais aimé être capable de balayer ces considérations d'un revers de main. J'aurais aimé être capable de faire abstraction, comme si, effectivement, ce n'était rien. J'aurais aimé mais je ne pouvais pas. Quand on se trouvait sur le devant de la scène parce que la gloire nous avait un jour embrassés, nous n'avions pas d'autre choix que de prendre en considération ce que pensaient les autres. C'était en cela que la propagande du gouvernement était aussi efficace, elle annihilait les esprits et transformaient la population en créatures dociles et sans défense. Il suffisait cependant de les repaître du plus sordide des spectacles pour que leurs plus bas instincts se révèlent, transformant les agneaux en loups cruels et avides de sang et de sensations, tout devenant bon pour s'extirper de l'inertie dans laquelle il s'enlisaient depuis longtemps. La nature humaine était ainsi faite. En théorie on pouvait toujours se sentir indifférent à ce que les autres pouvaient bien penser mais la réalité était toute autre.
Mina, cependant ne pouvait pas savoir. Elle avait vécu tellement longtemps dans son labyrinthe qu'elle avait vécu en dehors des réalités de ce monde, n'obéissant qu'aux règles qui régissaient le sien. Ou les siens, tout dépend du point de vue duquel on se place. Elle était bien naïve, Mina, de croire que l'on pouvait totalement s'absoudre de l'avis des autres. C'était impossible, surtout quand de telles rumeurs pouvait nous conduire à une fin certaine.
Combien de personnes se sont vues révéler leur vraie nature ? Tous n'étaient pas humains, bon nombre d'entre eux étaient des voleurs d'âmes. Comme toi. Qu'aurais-tu fait, Mina, si Hide et ses sbires t'avaient vue en train de pomper mon énergie vitale comme un vampire, et me porter jusqu'à mon lit une fois cela fait ? Qu'aurais-tu fait si les caméras de surveillance avaient immortalisé tes forfaits, faisant de toi un monstre ? Persisterais-tu à dire qu'on s'en fout des autres ? Le mal était fait, Mina. Ce ne sont que des mots mais ils sont cruels, destructeurs. Je n'étais plus en sécurité ici. Je m'attendais à tout moment à voir une escouade de shadowhunters débarquer dans ma maison pour m'arrêter et m'envoyer là où tu ne me verras plus jamais, ni dans ce monde, ni dans aucun autre. Avec les lettres de Hide, il y avait trop d'indices susceptibles de prouver ma culpabilité, de me relier au jeune milicien qui était tombé ce soir là. Etre inculpée pour le meurtre de ce jeune homme était la dernière chose dont j'avais besoin. Avec sa lettre, mon propre père prouvait que j'étais capable de tuer.
Et si je l'avais tué lui, j'étais tout autant capable se tuer quelqu'un d'autre.
Il y avait toujours cette lame au creux de mon poing, les tremblements incontrôlés de mon corps. Il y avait ces larmes qui roulaient sur mes joues et sur mes lèvres qui me donnait une allure des plus pathétiques. Pourquoi je ne l'ai pas appelée, demandait-elle. Pourquoi je n’ai pas échangé ma place avec elle quand Hide l'a appelée ? Je n'en savais rien, sans doute avais-je eu le sentiment profond que je devais le faire. Elle disait qu'elle aurait tout fait pour me protéger des autres mais en réalité, personne ne pouvait nous protéger des fous furieux comme Hide. Personne. Alors, quand j'ai été appelée, j'ai immédiatement su qu'il n'y avait aucune issue, qu’il me serait tout bonnement impossible de m'extirper de ce merdier. Ce que Mina ignorait, c'est que j'étais allée jusqu'au bout de cette mission suicide, de cette opération kamikaze, que Maggie et moi n'aurions peut être pas dû survivre mais nous étions toujours là. Peut être qu'en balançant mon secret sur la place publique il espérait se débarrasser de moi en me livrant à la justice gouvernementale, de la sorte il gardait les mains propres. Mais je ne pouvais pas lui dire tout ça, parce que cela reviendrait à avouer mon crime et je n'étais pas prête à mettre des mots dessus, car cela ne ferait que rendre la chose plus réelle encore.
De quoi avais-je besoin, demandait-elle tandis qu'elle baissait la lame elle-même. De la sorte elle réduisait la distance que j'avais instaurée entre nous. Comme à son habitude, elle était douce, tactile, presque tendre. Jusqu'à la question fatidique. Qui était cet homme qui est mort ? Elle savait donc. Je ne saurais dire si c'était une bonne ou une mauvaise chose.
« Ce n'est pas moi, qui suis responsable de tout ça. » murmurai-je d'une voix tremblante – il était terrible de voir le déni transparaître autant dans mes mots. « C'est Hide. » Ce nom tant honni flotta une nouvelle fois entre nous, comme une bannière menaçante. « J'ai fait exactement ce qu'il a demandé, il les a eues ces putains d'armes J'ai fait tout ce qu'il voulait et voilà le résultat. »
J'ai fait exactement ce qu'il a demandé et je suis même allée au-delà de ce qu'il attendait de nous. Même si je ne l'ai pas fait à dessein, j'avais tué en son nom, un homme avait été sacrifié sur l'autel de ses ambitions.
« Je ne suis pas responsable de ce qui s'est passé là dedans. » réitérai-je, la voix rauque. « S'il y a eu des morts…c'est à lui de rendre des comptes. C'est lui qui a fait couler le sang, qui est à l'origine de tout. » Mon ton était ferme, déterminé alors que la rage vibrait en mon for intérieur. « Tu connais le mythe de la Tour de Babel ? Il y avait une poignée d'hommes qui voulaient construire une tour aussi haute que les cieux. Dieu, irrité de voir ces humains se prétendre aussi grands que lui, a détruit cette tour pour les punir de leur vanité. »
Je marquai un temps d'arrêt. Je repris mon souffle.
« Hide est comme cette tour. Et c'est à cause de son orgueil qu'il finira par tomber. Il n'y a pas de place pour les êtres malfaisants comme lui. Il n'y a pas de pardon. »
À sa place, je ne la ramènerais pas trop. Nombreux étaient ceux qui ont été exposés alors même qu'ils avaient réussi leur mission. Nombreux étaient ceux qui veulent sa tête pour cette raison. Je faisais partie de ceux qui détestaient ce type de tout leur être, parce qu'il avait bousillé des vies entières et il méritait de payer pour cela.
« Ce n'était pas moi, Mina. » Des perles salées continuaient à glisser sur mes joues et à mourir sur mes lèvres tandis que je me débattais avec force contre l'évidence. « Ce n'était pas moi. »
Ma supplique s'éteignit comme on souffle une bougie. On n'entendait plus que ma respiration saccadée et la douleur de mes sanglots. Ce n'était pas moi qui avais tué cet homme, d'une, parce que Hide avait commandité cette opération suicide, de deux, parce que le coup de fusil était parti tout seul et avait mortellement blessé un jeune homme qui avait encore sa vie devant lui. Ce n'était pas intentionnel, Mina, ce n'était qu'un accident, tu comprends? Un putain d'accident tragique, rien de plus. Parce qu'il y avait eu des morts ce soir là, Hide avait du sang sur les mains, et peut-être n'avait-il pas apprécié la plaisanterie. Il ne voulait pas qu'il y ait de morts, il y en a eu, nous avons désobéi et il nous a punis en révélant tout ce que l'on s'évertuait à cacher.
Je ne voyais pas d'autre explication.
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