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 And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4

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Matthias Petersen
RUNNING TO STAND STILL

Matthias Petersen
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↳ Métier : Attaché à la propagande gouvernementale. Ex-pompier de la ville.
↳ Opinion Politique : Ancien vainqueur des jeux établis dès 2012, durant la seconde campagne, Matthias s'est vu embrigader de force dans la propagande du gouvernement.
↳ Niveau de Compétences : Un briquet capable d'aspirer les flammes environnantes. Feu de cheminée ou petits brasiers, une fois le chargeur rempli, les flammes peuvent être réutilisées comme le gaz d'un briquet classique. A recharger uniquement de cette manière, sinon il ne fonctionnera pas. / Une fiole de potion permettant de faire croire à toutes les personnes dans la pièce qu'on possède une autre apparence (celle de son choix), en la buvant entièrement. Dure le temps d'un topic, à usage unique.
↳ Playlist : Superstition - Stevie Wonder ║ Take What's Mine - The Parlor Mob ║ Whole lotta love - Led Zeppelin ║ Nothing to remember - Neko Case ║ Slow Down - Deathrope ║ Howlin' for you - The Black Keys ║ Ain't No Easy Way - Black Rebel Motorcycle Club
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MessageSujet: And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4   And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4 EmptyVen 25 Mai - 16:01

   FEATURING Katsiaryna & Matthias

And I don't believe that paradise is lost; I say this with my fingers crossed.

Il lui semble qu’une éternité a passé depuis la dernière fois. Des vertes et des pas mures selon l’expression, c’est ce qu’il a traversé pour se retrouver aujourd’hui devant elle, les baskets effilés sur le parvis de son immeuble.
Avec Hyde et ses histoires, ils n’ont pas pu courir le samedi suivant leur rendez-vous électrique. Ils n’ont pas pu non plus la semaine suivante et c’est seulement quinze jours plus tard et des soucis plein les doigts qu’ils sont de nouveau face à face, enfin. Le t-shirt est leste sur lui, l’odeur nacré du matin encore un peu fraîche sur sa peau et il a un sourire presque secret en la voyant. Elle ne lui a pas manqué plus que de raison - non - mais c’est l’évidence d’un soulagement qui s’inscrit discrètement sur l’azur : celui que rien ne lui est arrivé malgré les remous de la ville.  

(Mais il l'a vu de suite n'est-ce pas ? Le fer sous l'ivoire.)

Dans un mouvement de sourcils narquois, il s’oblige à ne pas trop laisser couler sa gourmandise à la vue des jambes longues dans le jogging stretch, les instincts en embuscade légère, la mitraille du désir facile – peut-être trop. La Nouvelle Orléans est de ces pâles régions trop chaudes où la patience est vertu et où l’on laisse ses pêchés transpirer à même la peau sous des soleils incertains. « La divine providence, Blondie. J’ai cru qu’on ne se reverrait jamais. » Il se déplace avec aisance, un rapide coup d’œil sur la place encore peu fréquenté. « Mais te voilà la bouche en cœur, en chair et en os. » Il a un froncement de nez au mot chair qui passe rapidement, détourne le regard tandis qu’il glisse les clés dans un des pots ornant l’entrée. « T’as noté c’était lequel ? Je ne serais pas terrible en espion je crois. » Le clin d’œil est fugace et tout entier offert et il aime autant qu’elle ne se fasse aucune illusion à son sujet : il n’a pas beaucoup changé depuis quinze jours, et ce, malgré les remontrances d’une Margarethe, les éclats d’une Beatriz ou les conseils d’un Itzal. Il est passé par mille états, de l’anxiété à la terreur et de l’effroi au rire, certes, mais il n’a pas beaucoup changé ; ni lui ni ses envies qu’il étale en secret aux coins de ses lèvres retroussés. Il la surveille avec impatience, et note qu’elle est presque venue sans rien, la démarche rapide et le sweater noué autour des hanches menues. Elle n’a pas plus l’air ravie d’être ici qu’elle ne l’était devant le Masquerade et il penche son visage, les mèches un peu trop longues balayant son front. Quelle que soit la tentative de trêve qu'ils avaient établi durant le repas partagé, elle s'est dissoute dans une incroyable et impénétrable tension au cours des jours d’absence.

La pause s'allonge entre eux jusqu'à ce que Matthias s'éclaircisse la gorge.

(Avec une autre femme, il l’aurait dit m-sérieux, mi-plaisantin : « Il y a d’autres moyens de suer, princesse. » mais ici il ne le dit pas. Pas tout de suite. Pas comme ça.)

(C’est important : il ne le dit pas.)

« Le parc n’est pas loin on peut toujours courir par là-bas. A force de patrouiller je suppose que tu connais la ville par cœur. » C’était pire depuis Hyde et ses entourloupes. Les révélations avaient plongé la ville et sa population dans un chaos à peine contenue. Il ne lui en demande pas plus cela dit, les histoires pénibles des miliciens et des violences quotidiennes ne doivent pas toujours couler inutilement entre les êtres se dit-il un peu égoïstement. Quand on apprécie quelqu’un, on ne l’oblige pas à raconter ses gouffres et à s’y replonger. « Je préférerais qu’il n’y ait pas trop trop de monde. » Son visage sur les spots des jingles hebdomadaires des émissions gouvernementales n’aide pas. Sa démarche martiale plein d’un ascendant de milicienne non plus. « Y’a un sentier pas loin… c’est juste qu’il y a des alligators parfois. Rien de méchant et à la limite, on courra plus vite. » Il tait l’évidence : courir alors que certains tiennent encore dans leurs mains les cartes de rationnement pourrait être mal perçu, surtout s’ils longent de trop le quartier pauvre qui borde celui français. Il vaut mieux se fondre dans la nature, ne faire plus qu’un avec le sable et la végétation ocre et émeraude de la Louisiane et de ses tourments.

Il en a une aussi de carte de rationnement, s’imagine qu’elle doit garder la sienne contre elle en permanence également. C’est un permis de vie en quelque sorte. C’est ça : à la Nouvelle-Orléans, la seule chose qui n’est plus rationnée en fin de compte, c’est la mort.

Il n’a pas envie de lui dire qu’il la trouve jolie – encore. Ça semble presque anodin ce matin et des jolies filles aux traits un peu creusés par les terribles mauvais jours, ça ne manque pas en ce moment. Le gout est fade trop vite pourtant, la saveur s’éclipse avec une dangereuse efficacité dès que l’on ouvre trop la bouche pour s’en gorger.

Il sent sa présence à ses côtés tandis qu’un léger silence s’installe, presque confortable, comme un verrou qui glisse dans sa gâche. L’éclat glacé lui cingle le flanc, argentée, agréable. Elle prend plus de place que sa silhouette ne laisse à croire, elle lui envahit l’épiderme et les sens et il hausse les épaules comme pour se moquer de lui-même. Ça n’a pas beaucoup de sens et il n’a pas envie de complications. Il perçoit maladroitement que ce n’est pas pareil cette fois-ci mais c’est plus simple d’ignorer et de s’en convaincre. Et ça il le fait très bien. « C’est plutôt cool non ? Ici, y’a pas de micros, on n’est pas surveillés. Pas de caméras non plus. » C’est une question quelque part. Il s’imagine que l’appartement est au moins surveillé, qu’elle-même a des instructions, mais c’est différent ici. Ils peuvent prétendre à quelques heures de libertés. Ça aussi, c’est rationné.

C’est seulement quand ils s’enfoncent un peu plus vers le sentier qu’il comprend : cela n’a jamais été une question.

C’est une demande.


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Katsiaryna M. Yurkova
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MessageSujet: Re: And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4   And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4 EmptyMer 4 Juil - 18:16


« And I don't believe that paradise is lost »

Matthias & Katsiaryna
featuring

Comme chaque matin, Katsiaryna avait ouvert les yeux avant que son réveil ne déchire le silence moite de la chambre. La chaleur humide de la Nouvelle-Orléans tiédissait la fraîcheur des feuillages et exaltait le bouquet odorant, légèrement putride du sous-bois. Le ciel blanchissait lentement et répandait à travers les fenêtres grillagées de la maison une aube maladive, devenue inapte à chasser les fantômes de la conscience et de la nuit. Pourtant elle savourait timidement le loisir que la ville et ses troubles lui avaient accordé de dormir, du moins de s’étendre et de délasser son corps, quand l’agitation des deux dernières semaines l’avait tenue en éveil des nuits durant.

Elle roula sur le flanc et tendit le bras pour désactiver son réveil, non sans effleurer du bout des doigts, en une caresse fébrile et presque craintive, l’image d’une mère tendrement chérie dont elle se figurait chaque jour le jugement, le regard sévère inspectant les motivations de plus en plus troubles de ses actes et laissant douloureusement entrevoir tout ce qu’elle aurait pu faire de mieux. Son expiration s’écourta coupablement dans une prière susurrée du bout des lèvres qui ne prétendait pas alléger sa conscience mal lavée, mais se substituer au baiser qu’elle aurait dû pouvoir lui déposer sur la joue ou dans les cheveux. Elle se redressa enfin et entreprit de s’étirer longuement pour délier ses muscles énervés par l’effort ; puis son souffle s’éteignit derrière le claquement d’une porte et il n’y eut plus dans la pâleur impersonnelle de la chambre que le murmure d’une eau ruisselante.

Il fit tout à fait jour au fond de ses yeux lorsqu’elle sentit l’air matinal sécher sa peau et qu’elle eut bu un grand verre de jus de fruits accompagné d’une large poignée de fruits secs. Au-dehors, la forêt diurne achevait de s’éveiller. Katsiaryna enfila sa tenue de course en inspirant et en expirant profondément – il était dans ses habitudes de rejoindre directement le poste après ses exercices et de se changer là-bas, puisqu’il offrait toutes les commodités nécessaires – puis termina sa toilette sans tarder. Sous le gilet qu’elle avait noué autour de sa taille, elle dissimula deux armes de poing et un couteau de combat ; puis elle épaula un fusil de chasse pour faire le tour de la maison et vérifier l’état des divers pièges qu’elle posait et déplaçait chaque jour afin d’assurer sa sécurité. Au fil des années, elle avait consolidé son humble bicoque de manière à empêcher toute intrusion, quelle qu’elle soit, et à défaut d’avoir su la transformer en un chaleureux cocon, elle en avait fait une armure qui, tout comme sa propriétaire, vivait en permanence sur le qui-vive. Il arrivait encore que les pièges se referment sur des animaux rendus trop téméraires par la faim ; mais ceux-ci apprenaient à flairer le danger et à renoncer avant qu’une mâchoire métallique ne les ampute d’un membre. D’autres, en revanche, tenaient maintenant plus de l’abomination et semblaient avoir perdu les instincts naturels qui avaient d’abord assuré leur survie : les prises, Katsiaryna le remarquait de semaine en semaine avec plus d’acuité, consistaient de plus en plus en créatures abjectes dont la crémation lui retournait toujours l’estomac.

Mais la nuit s’était montrée étonnamment clémente et la milicienne avait pu, sans plus tarder, remplacer son fusil de chasse par un petit sac à dos pour rejoindre Matthias Petersen au pied de son immeuble.

Les frasques de « Hide » avaient différé leur « rendez-vous » à de nombreuses reprises. Sa propre implication dans le sabotage qu’il avait orchestré puis les opérations de colmatage et de riposte aussitôt exécutées par le Gouvernement ne lui avaient pas permis de se consacrer aux missions plus secondaires : elle aimait à penser qu’elle n’avait tout simplement pas eu le loisir de songer à lui ; à peine avait-elle pu s’enquérir de son état au lendemain de la vaste mascarade qui avait retourné la Nouvelle-Orléans, d’une manière très indirecte, en apercevant la douceur rassurante de sa physionomie dans les programmes incontournables diffusés par le service de propagande – quelques secondes, tout au plus. Elle se souvenait alors avoir distingué, dans les coins aimablement ourlés de ses yeux et de ses lèvres, le puissant art de feindre dont il s’était brièvement affranchi lors de leur dernière entrevue, afin de lui révéler qu’il se complaisait sciemment dans l’ignorance pour le moment, auréolé d’une sagesse et d’un flegme redoutables comme seules pouvaient en manifester les forces tranquilles. Quel homme s’apprêtait-elle à retrouver ? La conscience et la défiance auraient-elles pris plus de place dans son regard ? Elle avait déjà eu le sentiment, en le quittant ce soir-là, qu’il lui – qu’il leur – échapperait inévitablement, que les laboratoires du Gouvernement ne seraient pas en mesure de tenir indéfiniment en bride les rouages incommensurablement complexes de la mémoire humaine. En un sens, elle y trouvait un semblant de satisfaction – et c’était inavouable : l’éventualité qu’il puisse se récupérer progressivement, qu’il s’appartienne à nouveau en dépit de tous leurs efforts lui paraissait aussi réconfortante que terrifiante ; d’un côté, il retrouvait une forme d’intégrité tandis qu’elle abandonnait enfin le déguisement de génie tutélaire pour endosser celui, plus honnête, de bourreau – et la vérité lui seyait toujours beaucoup mieux que le mensonge, de même que la perspective de devoir assumer les conséquences de ses actes à son encontre lui semblait bien plus confortable que celle de s'exposer à la tendresse imméritée de ses regards ; mais de l’autre, c’était le livrer une fois encore à la conscience de crimes qu’il n’aurait jamais pu perpétrer de son plein gré, c’était reconnaître ses propres insuffisances, les erreurs qu’elle avait stupidement commises par orgueil et susceptibilité tout à la fois, dans l’intention supposée de le protéger de lui-même et d’une sentence par trop funeste, quand elle n’avait fait que l’infantiliser et le réduire à l’état de cobaye pour satisfaire non à ses véritables devoirs, mais au bon vouloir du Gouvernement. Pour la deuxième fois de son existence – sa mère avait bien évidemment été la première –, un individu lui avait donné le sentiment d’outrepasser son rôle, ses droits et ses pouvoirs ; elle en concevait un indicible dégoût, diffus comme aurait pu l’être une douleur.

L’immobilisation successive de ses tennis, trop martiale encore, contredit rudement la décontraction qu’il affichait ; mais en dépit de l’impassibilité de ses traits, elle n’en fut pas moins submergée par une affluence d’informations dont elle se serait volontiers passée. Pourquoi diable les détails de leur dernière entrevue lui revenaient-ils avec autant de clarté ? Ce fut impuissamment qu’elle s’entendit répondre, avec une spontanéité dont elle aurait préféré ne pas être capable à cet instant : « Vous me surprenez, monsieur Petersen. J’avais cru comprendre que vous étiez plutôt du genre à prendre un air très content de vous et à déclarer : Je t’avais bien dit qu’on se reverrait, Blondie. Vous avez toujours le surnom aussi facile, cela n’a malheureusement pas changé – un peu de tenue, je vous prie. » Elle ignora résolument l’euphorie mêlée de soulagement qui affleurait à la surface beaucoup trop limpide de ses iris, craignant de renfermer la même, bien tapie au fond de ses propres yeux, et s’efforça d’accentuer la sévérité de son expression tandis qu’elle essayait de lire à même ses babillements les secrets de ces deux dernières semaines – qu’avait-il fait ? Dans quel nouveau pétrin s’était-il mis ? Elle ne s’aperçut pas qu’elle s’était également mise, ce faisant, à le dévorer des yeux – tout professionnellement, n’est-ce pas : il s’agissait de s’assurer très discrètement qu’il allait bien – et qu’elle avait une fois encore trouvé dans son sourire quelque chose d’étrangement reposant – mais qui la forçait en même temps à demeurer sur ses gardes. Sa physionomie, elle en prit enfin conscience, lui faisait l’effet d’un beau paysage.

Katsiaryna eut un plissement d’yeux réprobateur. « Je n’ai pas la bouche en cœur. » se défendit-elle sèchement sans cesser de le regarder comme il dissimulait – très mal – la clé de son appartement dans l’un des pots qui décoraient l’entrée, et qu’elle repéra de fait, confirma-t-elle d’un long battement de cils désapprobateur – ce devait être la traduction ironique du fait que cet appartement n’avait en effet rien d’une propriété privée aux yeux du Gouvernement. « Vous n’avez décidément pas changé, remarqua-t-elle en soufflant sévèrement par le nez. Le clin d’œil intempestif, le sourire imperturbable, les yeux qui effeuillent littéralement plus qu’ils ne regardent… Rien ne saurait assombrir votre humeur, n’est-ce pas ? » Elle leva les yeux au ciel et se détourna pour se mettre en route. S’il devait suer, ce ne serait assurément pas de l’eau qui perlerait à la surface de sa peau, mais du désir – et elle retrouvait là bien malgré elle cet incroyable don pour catalyser et matérialiser tout ce que son corps pouvait bien ressentir. « Mais enfin, je suis contente – professionnellement contente – de constater que vous semblez en pleine forme, comme toujours. » En dépit des nombreux troubles qui avaient secoué la Nouvelle-Orléans, sous-entendit-elle d’un regard sans ambages. « Allons, assez perdu de temps, poursuivit-elle en commençant à courir. Pour une fois, vos préférences me conviennent, même si je les trouve un peu suspectes. Flâner parmi les alligators est donc le seul moyen que vous avez trouvé de ne pas être pris en filature ? Ou peut-être s’agit-il seulement de vous débarrasser de moi ? » Un sourire narquois menaça d’étirer ses lèvres mais avorta comme tous les autres en un discret frémissement. L’idée de courir à proximité des reptiles ne lui déplaisait étonnamment pas, ce qu’elle se garda bien de reconnaître. Par devoir – et par orgueil – elle tenait absolument à lui faire oublier le singulier ascendant qu’il avait pu prendre sur elle, consciemment ou non, lors de leur dernier repas ; elle voulait faire en sorte que tout soit à recommencer – ou plutôt à ne jamais reproduire – quand ils étaient forcés de se retrouver par quelque caprice de supérieur en proie à l’ennui.

En somme, elle non plus n’avait pas changé. Elle s’efforçait de croire que les récents événements ne l’avaient pas fragilisée, avaient laissé intacts les remparts de fierté et de rigueur qu’elle érigeait en permanence tout autour d’elle avec la dernière agressivité.

Le silence ne s’en était pas moins étendu entre eux comme l’aurait fait un chien paisible et affectueux. Elle avait éludé à dessein l’évocation de la Milice et de sa mobilisation, bien que sa présence aux côtés de l’ancien vainqueur ne soit nullement désintéressée à cet égard. Pendant quelques minutes, elle savoura les aspérités du sentier sous ses chaussures ; le délicat fumet de la nature humide comme un baiser fit palpiter les ailes de son nez et l’effort s’écoula agréablement dans tous ses membres comme un second souffle.

Pourtant il fallut rompre le charme. La remarque de Matthias Petersen au sujet de la surveillance qu’il devait subir quotidiennement la fit ciller – avait-il trouvé les micros cachés dans son appartement ? Elle refusa d’y voir la moindre naïveté, cependant : sans doute savait-il, au fond, qu’elle était précisément là pour suppléer au défaut de technologie, non pour satisfaire à ses désirs de tranquillité – alors même qu’elle y adhérait aussi puissamment que lui, du reste. « Eh bien, je suis heureuse que le cadre que vous avez choisi vous plaise, répondit-elle machinalement. Seriez-vous fatigué de sentir les regards braqués sur vous ? Je croyais pourtant que vous aimiez être au centre de l’attention. » Sa remarque était un peu mesquine, au fond, et elle en avait d’autant plus conscience qu’elle avait parfaitement saisi la requête formulée à demi-mots par l’ancien vainqueur – néanmoins elle ne pouvait décemment pas le laisser croire qu’il échappait à la vigilance du Gouvernement en s’aventurant sur un sentier comptant peut-être parmi les lieux les plus dangereux de la Nouvelle-Orléans. « Restez sur vos gardes. » le prévint-elle comme ils approchaient de la procession de saules pleureurs qui accompagnerait leur course. Elle crut déjà distinguer un ondoiement reptilien au pied de l’un d’eux et sentit aussitôt l’adrénaline lui alléger le corps. Ses interrogations furent du reste aussi soudaines qu’une morsure d’alligator : « Que pensez-vous des récents événements, monsieur Petersen ? Comment les avez-vous vécus ? » C’était assurément trop abrupt, mais elle ne savait de toute évidence pas faire autrement – surtout, elle n’avait jamais eu la prétention de lui permettre de se sentir à l’aise en sa présence, à plus forte raison lorsqu'ils se trouvaient sur le territoire de reptiles affamés.




Dernière édition par Katsiaryna M. Yurkova le Dim 15 Juil - 14:20, édité 1 fois
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Matthias Petersen
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MessageSujet: Re: And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4   And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4 EmptyMar 10 Juil - 16:12

   FEATURING Katsiaryna & Matthias
« Vous me surprenez, monsieur Petersen. J’avais cru comprendre que vous étiez plutôt du genre à prendre un air très content de vous et à déclarer : Je t’avais bien dit qu’on se reverrait, Blondie. Vous avez toujours le surnom aussi facile, cela n’a malheureusement pas changé – un peu de tenue, je vous prie. » Le sourire s’élargit sous le reproche qui n’en est pas un. « Je m’en voudrais d’être trop prévisible. » Il tilte son visage comme un clin d’œil invisible du corps à son égard. Il est transparent par contre, cache rarement ses envies dans l’effervescence d’une ville trop chaude pour conserver la tête froide. Katsiaryna le réprimande et il humidifie ses lèvres d’un nouveau sourire. Le vouvoiement gratte évidemment mais il a dans l’idée qu’il appréciera d’autant plus l’intimité du vocabulaire quand elle aura cessé de faire sa butée. La biélorusse est une lame : une jeune femme brillante aux angles coupant, la proximité sur la peau aussi glacée que salvatrice. Il ne se soucie pas des traces vermeilles qu’elle peut lui laisser sur l’épiderme en cet instant. La raison est en grève. Elle n’a pas son uniforme, c’est plus simple d’oublier qu’elle brise des bras comme d’autre brise des cœurs, moins contraignant que de se remémorer qu’elle respire la vie à travers les règles établies et la poudre de son revolver. « Mais enfin, je suis contente – professionnellement contente – de constater que vous semblez en pleine forme, comme toujours. » La tête part en arrière sous l’éclat de rire. Touché coulé avant même d’avoir commencé à courir. « Je peux toujours me faire un bobo ou deux pour avoir un bisou magique. Je suis certain qu’ils sont très efficaces. » Elle se tourne déjà, l’acidité sur la pointe de la langue, les remarques empoisonnées en gloss odorant sur la plus exquise des moues, les muscles aguerris sous le pragmatique des vêtements.
Une lame fine et efficace, sans fioritures ni rondeurs où se cacher mais ce n’est pas si important, c’est le reflet lumineux qui intéresse ici, le gris argent qui vous aveugle. Elle lui jette un sort tout comme elle le fait sur tout ce qu’elle frôle: sans trop s'en apercevoir. Le givre crépite d’un élément à un autre et il se meurt déjà de ne pas goûter à tout ça. Une histoire d’atomes surement, il n’avait jamais été très patient en cours et les leçons de chimie il les avait vécus au bord des lacs à faire l’école buissonnière.

Du reste, Matthias est superstitieux. Il survit et pendant ce temps, l’étoile blonde est toujours sur son chemin. Il y voit un signe précieux, un porte-bonheur qu’il devrait porter à même la peau, ou peut-être est-ce seulement son désir qui parle. Elle fronce les sourcils, court à foulées constante, dos droits et poings serrés. Le rythme est régulier à travers les marécages de la Louisiane. Il y a des alligators qui font la sieste et des bruits douteux derrière les arbres. Les souvenirs lui reviendront peut-être de façon plus flagrante maintenant qu’il pénètre la forêt avec elle. Il l’observe, l’azur prédateur derrière la mine avenante. Il essaye de l’imaginer avec une mallette mais il ne fait que la voir parée de fantasmes charmants, recouverte de ses draps, cheveux emmêlés et glace au fond des iris enfin fondue.

Il fronce le nez. Elle doit quand même baiser en armure se dit-il doctement avant de repousser les images licencieuses qui traînent de façon paresseuse en lui. Il s’imagine aisément le fer qui ne plie pas, même sous la courbe des soupirs et la frustration lui coupe le souffle trop vite. Il rêve de l'étreindre, même si ça ne revient qu’à effleurer de façon éphémère. Les rêves, ça ne fonctionne pas si facilement. La milicienne le confine avec fermeté dans une zone de surveillance, comme s’il était son patient et rien d’autre. En était-il jamais autrement de toute manière ? « Seriez-vous fatigué de sentir les regards braqués sur vous ? Je croyais pourtant que vous aimiez être au centre de l’attention. » La remarque lui fait froncer les sourcils et il plisse les lèvres, revenant à ses côtés dans un mouvement leste. Il peut lire une insulte quand il en entend une. Sa notoriété vogue d’un spot à un autre, du sable d’une arène pestilentielle au confort des télés programmées. Il en a douloureusement conscience maintenant qu’elle met le doigt dessus. Ce n’est pas de la vanité veut-il protester mais endosser les rôles qu’on vous donne fait partie des facilités qu’il a toujours apprécié [i]malgré tout|/i]. Il a un sourire teinté d’une pointe de cruauté lointaine -goût propagande- en lui répondant. « Ah, les mauvais côtés du job. Il faut bien faire des sacrifices, non ? Tu dois en faire aussi. » Il ne sait pas à quel point, s’imagine à peine les ecchymoses sous la pâleur éblouissante qu’elle lui livre obstinément. C’est la lune en simple disque nocturne capable de faire aller et venir les océans sous ses rayons gracieux.

Il a une moue.

« Je ne pense pas. Jamais eu de cervelle pour ça et avoue que je ne peux pas avoir toute les qualités. J’ai pris photogénique à la naissance, le reste j’ai cordialement laissé de côté. Tu devrais aussi, ça ne sert strictement à rien. » La malice vibre sous le sourire espiègle. Il plaisante, provoque et la dépasse un peu par jeu. « Par contre, moi j’ai de véritables questions et vu que t’es là pour surveiller mon cul, je me dis que c’est quand même juste que j’en sache autant sur toi que toi sur moi. » Il sait déjà qu’elle va désapprouver, la queue de cheval en balancier annonciateur d’une négative imperturbable. « Tu sais que je cache mes bouteilles, mes clés, tu sais que j’aime bien le rouge et la robe que tu portais pendant le repas. Tu sais que mes parents sont....étaient hippies et que j’ai fait des bracelets juste pour plaire à une fille quand j’étais môme. Je trouve que ça fait vraiment beaucoup killinger. Et pour ce qui est de ta question, » La course dévie tandis que le chemin longe l’odeur boisé des étendues d’eau jade sale. Il a une œillade où la panique caresse l’iris quand il voit les bois mais c’est l’avantage de courir : respirer semble toujours plus important.
Les baskets grattent le sol sec et le soleil défroisse tranquillement ses rayons. L’azur glisse vers les cuisses vibrantes qu’elle actionne de manière énergique et il se dit que c’est un peu du gâchis que de s’épuiser ainsi de si bon matin. « J’aime pas Hide. C’est un con. » La simplicité s’avère détachée dans la voix. A vrai dire, Matthias est pratiquement certain que quasi personne n’aime Hide et ses méthodes de merde ou peut-être est-ce son statut régulier à la propagande qui agit sur lui en boomerang. « A mon tour. » Il répète en revenant à son niveau. Elle court vite, la cheville sûre, le mouvement félin. « Est-ce que quand t’es bourré tu jures en biélorusse ? Est-ce que tu jures d’ailleurs ? Avant quand y’avait encore de la bouffe, c’était quoi ton péché mignon ? Est-ce qu’en tant qu’américain je t’oppresse rien qu’en respirant à côté de toi ? Tu peux me tuer juste par la pensée d’ailleurs ? Considère le fait que t’auras des crocodiles pile là pour effacer les traces si jamais t’y parviens. » Il lui décoche un rire impertinent, léger comme leurs foulées sur le chemin étroit.

A force de traîner ses basques dans le sang et le putride, cette sortie lui faisait l’effet d’une cascade de frivolité insouciante. Elle n’en avait pas marre du rigide des événements ? Lui, oui.
« Aussi, est-ce que tu aimes les jeux ? » Le défi miroite en bleu sombre maintenant. « Tu vas me dire non, mais tu es en train de courir avec un type au milieu des alligators. Moi je crois qu’en vrai, t’aimes bien. » Le caprice s’avère agile sous le frémissement des lèvres.

Il accélère.



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Katsiaryna M. Yurkova
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MessageSujet: Re: And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4   And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4 EmptyDim 15 Juil - 15:43


« And I don't believe that paradise is lost »

Matthias & Katsiaryna
featuring

L’effort lui avait toujours été salutaire. Il lui permettait d’exalter la conscience qu’elle avait de son propre corps quand il respirait l’air environnant à pleins pores, d’apprécier avec une acuité renouvelée le doux échauffement qui assouplissait chacun de ses muscles et les franches pulsations de son cœur qui lui rappelaient ses limites et ses possibles tout à la fois. La belle vigueur qui tonifiait ses jambes et ses bras lorsqu’elle se livrait à l’exercice lui appliquait du même coup sur l’âme un baume qui n’était pas sans lui rappeler le bonheur et le soulagement d’une réconciliation. Aujourd’hui toutefois s’y joignait inopinément une autre forme d’euphorie, qu’elle perçut à peine pour commencer : c’étaient, au-delà du désir agressif qu’il gardait invariablement au fond des yeux, la jovialité qui lui éclaircissait toujours les traits, la facilité de son rire et les gamineries charmantes qu’elle peinait de plus en plus à rabrouer. Cela n’est pas acceptable, se morigéna-t-elle intérieurement, s’agrippant à l’évocation des sacrifices qu’elle était prétendument tenue de faire pour chasser toute légèreté malvenue et se rembrunir sans n’en rien montrer. Elle fut comme à son ordinaire, se murant dans un nouveau silence qui s’appesantit bientôt d’une méfiance confinant à l’hostilité. Il y avait longtemps qu’elle s’astreignait à se mouvoir à côté d’elle-même, à se distancer de l’atrocité du quotidien pour ne pas flancher : maintenant qu’elle n’avait plus grand-chose à perdre, se persuadait-elle avec acharnement, elle n’était assurément plus la véritable victime de l’histoire et l’ensemble de la population était autrement à plaindre qu’elle ne l’avait jamais été – loin de s’en réjouir, elle s’efforçait ainsi de relativiser son propre sort et de prendre moins de place dans le malheur ambiant, afin de ne pas l’augmenter plus qu’elle ne le faisait déjà par ses choix.

Pourtant, dans l’ombre confortable de ses œillères, Katsiaryna ne s’apercevait pas encore du danger qu’elle courait – dans la gueule duquel elle se jetait : ces moments singuliers, magiquement malaisément habités en compagnie d’un homme qui lui était en tous points contraire, ces moments insolemment détachés de l’horreur omniprésente, comme l’aurait fait un bout d’éclaircie dans un ciel orageux, ces moments infiniment précieux dont elle ignorait encore la valeur n’étaient-ils pas, après tout, sur le point de lui réapprendre ce qu’était un trésor – et par là même, ce qu’était la perte ? Elle devait désormais pincer les lèvres plus fort pour en étrangler tous les frémissements chaque fois qu’il plaisantait, pour avorter l’étrange rééducation que sa bouche entreprenait d’elle-même, brûlant de sourire – et peut-être davantage encore. Lorsqu’il affectait la vanité et s’en excusait aussitôt par une solide autodérision, lorsqu’elle feignait de lever les yeux au ciel pour se donner l’air de le réprimander, c’était en réalité, sous couvert d’un geste désapprobateur, de sa propre sensibilité qu’elle se détournait.

Elle se disciplina. Elle inspira profondément, l’expression sévère, et voulut croire, quand il la dépassa, qu’elle n’avait pas laissé couler son regard sur lui, les paupières aussi lourdes et infranchissables que des remparts, dérobant lâchement tout ce qu’elle aurait pu en penser. Elle aimait à croire qu’elle discernait pleinement l’écueil que représentait chez lui cet entremêlement d’érotisme et d’espièglerie ; elle aimait à croire qu’elle était en mesure de s’en défendre consciemment, de décortiquer et de rationaliser la puissance de sa gorge, la robustesse de ses épaules et de son dos où la fatuité du mâle s’était transcendée vers la pureté du farceur, pour mieux en neutraliser les effets. « Vous déraisonnez, monsieur Petersen, déclara-t-elle en ayant l’étrange sensation de s’être subitement arrachée à une longue apnée. Il n’a jamais été question d’être équitable dans la connaissance que nous pourrions avoir l’un de l’autre. » Mais elle savait déjà combien sa curiosité et son audace demeureraient inarrêtables face à l’ensemble de ses gronderies – elle craignait du reste que son pouvoir, ce prisme de tendresse qu’il appliquait assidûment sur le monde, ne les rende plus caressantes qu’intimidantes, bien malgré elle. La grossièreté dont il venait de faire preuve – elle faillit lui reprocher absurdement la présence du mot « cul » dans sa bouche – salissait à peine la joie voluptueuse dont il parfumait l’air tout autour de lui. Il fallut se ressaisir – c’est-à-dire se renfrogner. Elle voyait d’un œil méfiant le réseau de souvenirs qu’il entreprenait de tisser entre eux ; et comme pour défaire l’intimité dont il les enrobait insidieusement, elle s’abstint de lui rappeler qu’il en avait également appris beaucoup à son sujet, ce soir-là – elle le soupçonnait de toute façon d’occulter ingénument tout ce qui pouvait contrarier son désir. L’improbable surnom dont il l’affubla de nouveau acheva de lui désengourdir l’esprit : elle en désapprouva l’usage d’un regard noir qui signifia on-ne-peut-plus éloquemment combien elle le trouvait intenable.

Mais c’était une fois encore méconnaître sa propension à la faire osciller entre indignation et amusement sans lui ménager la moindre transition. L’avis qu’il émit sur « Mr Hide » lui parut d’autant plus incisif et implacable qu’il venait de babiller aussi abondamment qu’un jeune canari : elle y trouva une simplicité enfantine qui lui caressa le cœur et comprit non seulement qu’elle se réjouissait de l’entendre formuler ainsi sa désapprobation, mais encore que sa satisfaction, sans qu’elle ne sache la caractériser plus avant, n’avait absolument rien de professionnel. Par bonheur, la milicienne ne tarda pas à reprendre ses droits, refusant d’être la dupe de son apparente ingénuité : ne venait-il pas d’expédier la question comme s’il avait eu quelque chose à cacher ? Il lui échappait encore, songea-t-elle dans un froncement de nez contrarié ; de même qu’il échappait, par la rapidité et la légèreté de sa course, aux mâchoires des reptiles qu’il surprenait dans leur sieste matinale. Le sentier, qui se surélevait progressivement, devait bientôt les mener à un promontoire surplombant la forêt et ses dangers.

Naturellement, l’ancien vainqueur ne lui laissa pas le loisir de l’interroger davantage, ne craignant de toute évidence pas de s’essouffler prématurément par ses incessants bavardages. Ses interrogations sans queue ni tête arrachèrent à Katsiaryna un froncement de sourcils perplexe et embarrassé : elle trouvait son inclination à dire des âneries proprement effarante. « Vous m’enquiquinez. » regretta-t-elle aussitôt d’avoir admis – il la harponnerait impitoyablement en s’armant du terme improbable qu’elle avait employé, c’était certain ; aussi se dépêcha-t-elle de détourner son attention au moyen d’autres questions, refusant obstinément de répondre aux siennes : « Ainsi, votre expansivité épuisante viendrait en fait de ce que vous êtes américain ? » Son rire effronté, une fois encore, remua en elle des cendres dont elle ne voulait plus soupçonner l’existence. « Vous ne vous fatiguez donc jamais vous-même ? feignit-elle de se fâcher dans une inspiration stupéfaite. C’est extraordinaire. » En vérité, ce qui la déconcertait plus encore était qu’en dépit de sa réserve apparente, une chaude légèreté commençait bel et bien de se manifester au creux de sa poitrine : elle appréciait – à son corps défendant, se mentait-elle – ce moment de grâce qui aurait plutôt dû la faire se sentir déplacée, et ce constat, sans l’effrayer – vraiment ? –, l’importunait et la rendait suspecte à ses propres yeux.

« Ne soyez pas ridicule. » le rabroua-t-elle sèchement lorsqu’il lui prêta cavalièrement un goût particulier pour les jeux – pour les défis, rectifia l’adolescente qu’elle pensait avoir depuis longtemps enterrée. En réalité, elle fut tout simplement outrée. Son corps, qui aujourd’hui tenait décidément plus du rival que de l’allié, réagit spontanément à l’accélération que l’ancien vainqueur avait imprimée au sien : Katsiaryna se sentit projetée des années en arrière, quand elle cherchait compulsivement à rattraper et devancer tout ce qui se mouvait plus rapidement qu’elle ; les jambes vigoureuses de son frère, la course bondissante d’un lièvre, le vagabondage primesautier d’un chevreuil, le lourd et puissant ébranlement d’un train… En quelques secondes, elle déroula ses jambes avec une féroce vélocité et profita d’une ouverture sur le flanc droit de l’ancien vainqueur pour le dépasser, non sans lui avoir adressé un regard superbe où la conquérante se mêla confusément à la bonne joueuse ; puis elle disparut au bout du sentier, dont la courbe enlaçait le promontoire barbouillé de mousse qui les attendait.

« Je m’attendais à mieux de la part d’un ancien pompier, le provoqua-t-elle en sortant une petite bouteille d’eau de son sac comme il la rejoignait. Je m’aperçois d’ailleurs que vous n’avez pris aucune précaution. Vous ne prêtez tout de même pas un pouvoir désaltérant à vos jacasseries, rassurez-moi ? » Après avoir bu quelques gorgées d’eau, laissant les tambours de son cœur enfler plus intensément à ses oreilles, elle tendit magnanimement la bouteille à l’étourdi et se pencha sur le versant du promontoire pour considérer les mâchoires claquantes des reptiles en contrebas. Fut-ce cet instant contemplatif qui la fit glisser sur la pente de l’aveu ? Elle s’entendit à peine l’admettre : « C’est étrange, voyez-vous : j’aurais juré vous avoir déjà parlé des varenikis, l’autre soir. » Et il était bien trop tard lorsqu’elle se rendit enfin compte de sa mégarde : après avoir résolument refusé à Matthias Petersen toute familiarité, elle venait de s’adresser à lui comme à un intime. Elle dut fermer les yeux un instant pour rassembler toute sa contenance. Qu’engageait-elle dans l’évocation de ses gourmandises passées, après tout ? Il suffisait de taire le souvenir de ceux avec qui elle les avait partagées. « Ce sont… des sortes de raviolis. Sucrés ou salés. Mes préférés étaient ceux à la cerise. » Elle se tourna vers lui, les poings sévèrement relevés sur les hanches. « Heureux… ? Qu’allez-vous bien pouvoir faire d’une telle information, monsieur Petersen ? »


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MessageSujet: Re: And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4   And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4 EmptyJeu 19 Juil - 1:25

   FEATURING Katsiaryna & Matthias
« Vous déraisonnez, monsieur Petersen. » Il hocha la tête sans chercher un seul instant à nier. Bien sur qu’il déraisonnait et pas qu’un peu. La confession selon laquelle le soleil avait tendance à faire danser des illusions dans son esprit et qu’elle en était une sacrément belle lui gratta sensiblement la gorge mais il préféra laisser voguer la conversation en eaux plus calmes, l’impertinence en mélodie mutine derrière chaque mot et chaque question.

Il l’avait connu rigide, l’acier ombrageux derrière le myosotis intense d’un regard sans faille, et elle l’était encore, même maintenant, survêtements pratique et blondeur solaire pour un jogging matinal. Princesse. Celles russes qui avaient connus de terribles destins. La grâce au final - il pouvait le voir - ça ne s’apprenait pas. Elle en était parée dans un dépouillement insolent, les mèches blondes étaient couronne, la précision était bijoux, la tenue d’un monde perdue se situait là, sous les talons des baskets de la demoiselle. De la milicienne.

( Est-ce que ça avait de l’importance ?)

C’était la nouveauté de la Nouvelle Orléans : l’infiltration des évènements extérieurs sur le quotidien. Avant, l’on pouvait détourner la tête, faire comme si on n’était pas au courant, hausser les épaules dans un mince « oui mais que peut-on y faire ». C’était loin les guerres, c’était loin les désespoirs, c’était loin les ouragans. On avait le luxe de ne pas être totalement responsable. Maintenant, il y avait une sensation d’immédiat à tout : les monstres aux bords des forêts, les règles drastiques aux bureaux et les restrictions dans les salons. La propagande était un art et celui d’appliquer les lois en était un autre. Pourtant, tout ces squelettes qu’ils conservaient avec précaution dans des armoires à double tour, elle autant que lui probablement, il n’en avait pas envie, pas ici. La course était agréable, la compagnie plus encore et coupé des méandres extérieurs de la politique, Matthias jugeait qu’ils se débrouillaient plutôt bien. Elle avait encore ses tics de guerrière, le vouvoyait avec obstination malgré les demandes répétées de ne plus le faire mais il pouvait – en papillonnant vite – voir la jeune femme qu’elle avait probablement été loin du fracas de l’apocalypse. Ou peut-être qu’il se trompait, peut-être qu’il imaginait à tort les framboises dodues puis gobées sur le bout des doigts, les robes blanches transparentes en plein cœur des étés, les lacs frais et paresseux au creux des dimanches après-midi dans une Biélorussie verte.
Il voulait s’approcher malgré les murs d’épines et de ronces qu’elle s’évertuait à dresser tout autour. Il comprenait du reste sa méfiance innée : la subversion – n’importe laquelle - commençait dans l’intime, toujours et avant d’arriver dans les rues, les révolutions se chuchotaient en étreinte chaude au creux des oreillers.

« Je suis donc un enquiquineur. » Il lui offrit un sourire ravi, le badge d’honneur étincelant sur sa mise tandis qu’elle devança le reste de son amusement en le coupant court. Le vocabulaire désuet lui allait bien, l’accent slave parfois butant encore sur certaines syllabes typiques du sud des Etat-Unis. Il la vit briller la petite lueur confondante dans l’éclat incomparable des yeux, celle des pièces qu’on jette parfois en l’air pour savoir quel chemin le Destin nous prépare. L’incartade ne pouvait que lui plaire. Il eut un rire en voyant l’impétuosité de Katsiaryna, le corps volcanique et agile sur le chemin poussiéreux. « ON VOUS ENTRAÎNE POUR LES OLYMPIADES EN VRAI ??? NADIA COMANECCI ATTENDS MOI ! » Il avait hurlé dans le vent avant de sprinter à son tour, l’adrénaline bienheureuse pulsant dans ses veines. Ici il n’y avait que les crocodiles et les marais pour les entendre.

Il reprit de plus belle, les muscles flamboyant sous l’effort. On suait l’alcool ingurgité ces derniers temps et les peurs qui avaient flottés à l’arrière du cœur. Il s’y faisait à tout ça : l’incertitude des jours en néon technicolor sur sa vie. Il s’était sentit prisonnier comme à la sortie de l’arène, la même impression de chape de plomb sur son corps qui ne demandait qu’à respirer. Le danger ce n’était pas ça qui pétrifiait, il n’en avait que faire, l’attrait d’y sauter à pieds joints avait toujours navigué dans son sang, c’était le reste : l’âme ou plutôt sa perte. Il était arrivé à la Nouvelle-Orléans avec l’espoir de recouvrer le peu de conscience qui lui semblait s’être échappé dans le sang et le sable de New York et cette aspiration glissait entre ses doigts comme feuilles au vent. On pouvait jouer sa vie mais pas sa personne, si ? Ou alors elle était perdue et on l’abandonnait. On s’abandonnait soi. Il lui avait fallu un peu de temps pour digérer. Il n’était pas encore certain d’y être parvenu - pas encore en tout cas - mais ici, devant l’évident orgueil dans le triomphe de la slave, il pensait qu’il n’en était plus si loin ou plutôt qu’il pouvait oublier d’une certaine manière tout ça.

« Je m’attendais à mieux de la part d’un ancien pompier. Je m’aperçois d’ailleurs que vous n’avez pris aucune précaution. Vous ne prêtez tout de même pas un pouvoir désaltérant à vos jacasseries, rassurez-moi ? » Il avait soif et s’étira sous le soleil conquérant en suivant des yeux la bouteille, le torse zébré d’une respiration intensive qui lui fit le plus grand bien. Il courrait encore parfois, le matin pour se vider l’esprit, le soir pour goûter la rare fraîcheur de la région, mais c’était peu par rapport aux entraînements quotidiens et extrême des pompiers. La bouteille généreusement tendue fut prise et il déversa le mince filet d’eau directement dans la gorge, la cascade humide comme nouvelle manne céleste. « Il n’y a jamais rien de bien rationnel dans ma préparation pour aller courir et franchement, je trouve ça limite insultant que tu puisses penser que j’anticipe quoi que ce soit avant d’aller me faire dévorer par les caïmans du coin. Merci. » Fit-il en lui rendant la bouteille bien légère désormais. « Je suis plein de ressources, j'aurai trouvé une autre solution tu sais, pour pas mourir de soif. » Boire à même la source lui semblait être des plus séduisant en cet instant et il pencha son visage, allant lui remettre une mèche derrière l’oreille dans un geste rapide.
 Elle bifurqua sur les varenikis et il ouvrit la bouche en clignant doucement des yeux. Ça sonnait délicieux et il aurait presque pu sentir l’odeur des cerises sucrées en lieu de la moiteur des environs. Son regard s’abaissa sur les lèvres roses, la tentation des fruits tellement intense qu’il fronça son nez pour se concentrer sur la question posée.

Il n’entendit rien.

Il avait soif encore et sottement, elle lui avait donné faim avec ces patakikis… variolinis… bref. Avec les petits friands aux fruits rouges. « Je suis sûr que t'as le parfum de cerise aussi. » Il eut un mouvement vers elle, l’attention courbant sur le buste étroit avant de tomber sur le peu d’eau qu’il restait. « Tu sais en faire ? » Il se reprit, l’œillade arrogante pour affirmer qu’il savait se tenir. Un peu. « Y’a pas de cerises dans ce coin du monde… la dernière fois que j’ai pu en manger… ça remonte. » Il eut un haussement d’épaules. « Si tu sais en faire avec un autre fruit, je pourrais me débrouillez pour tout trouver. Les ingrédients je veux dire. » Il se mit à reculer à l’envers, l’invitation intuitive dans l’azur, l'alerte absurde quelque part à l'orée de sa nuque. Elle avait la lumière sur elle en contre-jour, des paillettes d'or auréolant un visage boticellien ou un truc chicos de ce genre. « On continue ? » Il eut un sourire un peu ivre avant de s’arrêter. « Tu crânes tellement avec ta bouteille. Ok, j'ai été con de pas y avoir penser. Contente ? » Il passa une main en protection au-dessus de son visage, le raisonnement presque étrange sous la sensualité. « Tu devrais finir l’eau comme ça je pourrais te boire ensuite. » C’était douloureux le désir, le flux perpétuel et langoureux dans une exigence de timing parfait. Il passa une main sur son torse, la brûlure spectrale tandis qu’un bout de langue mutine humidifia ses lèvres, comme un écho à la patine chatoyante qu’avait laissé l’eau sur celles de Katsia. De quoi lécher sous le soleil et s’en gorger amoureusement.

De quoi…

Il fronça les sourcils, le sourire s’évapora et il enjamba d’un seul coup les quelques mètres restant, les bras passant autour de la taille afin de l’attirer à lui et les lèvres s’accrochant enfin aux siennes, lapant dans une sollicitude imprévue et dans une délectation sans pudeur, l’eau qu’elle avait bu il y a peu.



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MessageSujet: Re: And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4   And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4 EmptyVen 20 Juil - 22:10


« And I don't believe that paradise is lost »

Matthias & Katsiaryna
featuring

Katsiaryna se surprenait à anticiper les pitreries intarissables de Matthias Petersen. Celui-ci semblait avoir une bêtise à proférer en chaque circonstance et pratiquait la plaisanterie aussi couramment qu’elle ne le rudoyait. Elle s’attendait au pire lorsque le coin de ses yeux s’arrondissait mutinement et que ses lèvres s’amincissaient dans un début d’énigme, se pinçaient l’une contre l’autre comme s’il laissait rouler sur sa langue l’ânerie qu’il fabriquait sans la moindre préméditation. L’offuscation qu’il feignit d’éprouver l’obligea à détourner un instant les yeux pour ne pas trahir son amusement. Il aurait été naturel de sourire, pourtant – et elle savait exactement la manière dont elle aurait souri, autrefois : un pli goguenard sur la bouche qui se serait prolongé au creux de la joue, celui de la sauvageonne qui grimpait aux arbres et regardait ses éraflures aux genoux avec une fierté mêlée de dédain. Cela aussi, elle voulut le taire.

Elle récupéra la bouteille et en considéra le contenu avec une petite moue – par bonheur prudence, elle en prévoyait toujours une deuxième dans son sac à dos : « Ne vous a-t-on jamais dit qu’il n’était pas bon de trop boire d’un coup ? Votre corps ne fera rien de toute cette eau et – mais elle s’aperçut de la pente dangereuse que la pensée de cet homme risquait d’emprunter et s’interrompit subitement. Deux ou trois gorgées tous les quarts d’heure suffisent à désaltérer efficacement. » conclut-elle en fronçant sévèrement les sourcils, comme incapable de lui épargner les conseils et autres remarques parfois désobligeantes dont il se passerait sans doute bien – mais il mettait un point d’honneur à toujours avoir le dernier mot, n’est-ce pas. « En vérité, je ne veux pas savoir. » rétorqua-t-elle lorsqu’il se targua de ressources dont elle avait de toute évidence soupçonné la nature à la simple force de sa pensée – son corps, l’éclat impudique de ses yeux et l’étrange hospitalité de chacun de ses gestes traduisaient toujours aussi agressivement ce qui lui passait par la tête. Une fois encore, elle eut un mouvement de recul désapprobateur pour se dérober à la familiarité qu’il charria du bout des doigts jusqu’à la mèche de cheveux dont il prétendait cercler son oreille. La mise en garde qu’elle omit de formuler explicitement lui durcit le regard – pouvait-elle le blâmer, après tout, de son propre manque de fermeté ? Elle ne se souvenait plus de l’instant où elle avait définitivement commencé à perdre du terrain face à sa tendresse et à son irrépressible désir de la toucher – de quelle que façon que ce soit.

Mais il ne lui permit pas d’y songer plus avant : sa volupté ne semblait pas disposée à leur accorder le moindre répit et il avait suffi d’une gourmandise – de sa simple évocation – pour lui émoustiller l’esprit et la bouche – l’entrouverture sensuelle qu’il ne parvint pas à réprimer la fit prudemment reculer d’un pas. « Vous fantasmez. » lui reprocha-t-elle sans ambages quand il lui supposa un « parfum de cerise » avec une niaiserie mâtinée d’érotisme. Tout paraissait prétexte à la fantasmer et elle avait la naïveté – la lâcheté – de croire qu’il la transfigurait à travers le prisme de son appétit, qu’il la voyait autrement qu’elle n’était réellement : elle aimait à croire qu’il s’efforçait de trouver une fièvre en puissance là où il n’y avait que du givre, du miel là où il n’y avait que du fiel, un consentement réservé et secret là où elle croyait opposer un refus péremptoire. Il se fourvoyait, s’obstinait-elle à penser en rejetant absolument l’idée qu’un homme aussi exubérant que lui puisse faire d’une femme si peu avenante la source de son désir. Elle ne voulait pas soupçonner la capacité qu’il avait à entrevoir toutes ses – leurs – potentialités : ce n’était pas à lui de faire d’elle ce qu’il voulait, ni de confondre ses envies avec les siennes propres.

Du moins ne pouvait-elle lui ôter les efforts qu’il fournissait – un peu trop ostensiblement – pour ne pas avaler la distance qui les séparait – et elle comprenait bien malgré elle la victoire qu’il s’en faisait arrogamment. Il ne demandait qu’à fondre quand elle mettait tout en œuvre pour demeurer solide dans une ville défigurée, hostile à l’amour ; son corps n’était pour lui qu’une distraction, qu’un pourvoyeur d’oubli, quand il était pour elle une arme, un ancrage dans l’horreur organique qui menaçait chaque jour de l’engloutir et de l’assimiler. Elle eut un soupir inaudible. « Oui, je sais les faire. » répondit-elle simplement à son interrogation, sans préciser que c’était sa mère qui le lui avait appris – elle ne l’évoquait jamais, de près ou de loin, redoutant de faire d’elle le sujet de la conversation, maintenant qu’aucun mot n’aurait su rendre justice à son souvenir. « En fin de compte, il est possible de les garnir avec n’importe quoi. Des pommes, par exemple. C’est très bon. »

Néanmoins, elle n’eut pas la force de lui préciser qu’elle n’avait nullement l’intention de le convier à un atelier de cuisine slave – croyait-il qu’elle ne remarquait pas sa propension à planter distraitement les jalons de leurs moments futurs, à assouplir la rigidité contraignante des circonstances par une familiarité désinvolte ? Un inavouable soulagement défit l’étau qui lui étreignait le ventre lorsqu’il proposa de poursuivre leur course : c’était ridicule, au fond, mais elle percevait, avec une acuité à laquelle sa volonté de maîtrise ne pouvait strictement rien, tous ces moments charnières où le pire pouvait arriver en sa compagnie, où son désir menaçait de se matérialiser en une charge qu’elle n’était pas en position de faire avorter, seulement de repousser – et cela supposait un entrechoc qui n’allait peut-être pas sans une infime part de contagion. Matthias Petersen provoquait sur ses repères un tout autre genre de dégât que l’atrocité ambiante. « Contente ? répéta-t-elle maintenant qu’elle s’était un tant soit peu détendue. Allons, monsieur Petersen, je ne saurais me réjouir de votre étourderie. » N’y avait-il pas eu un sourire moqueur dans sa voix ? Son expression, elle, était restée égale et n’avait rien trahi de sa distraction.

Mais la légèreté presque insouciante de l’instant creva brutalement à la pointe d’une odieuse réminiscence.

Te boire, avait-il à nouveau susurré, sans la moindre transition, égarant une main sur le stigmate spectral qui lui barrait le torse. La stupéfaction de Katsiaryna fut telle qu’il eut toute latitude pour l’approcher et refermer ses bras autour d’elle. La bouteille d’eau qu’elle tenait encore roula sinistrement au sol et ses yeux s’écarquillèrent dans un accès d’étonnement qui confina à l’effroi.

Il lui fut douloureux de s’apercevoir qu’elle n’avait absolument rien oublié de ce jour funeste où le sang d’un autre s’était mêlé à la salive qui faisait luire ses dents – ses crocs. Elle en portait encore l’abominable souvenir dans la tétanie qui assujettissait ses muscles, dans la dérobade navrée de sa bouche à la sienne qui parvint pourtant à s’imposer à elle, si tendre et si avide à la fois. Il la buvait de fait, comme un amant excédé l’aurait fait après s’être lui-même assoiffé. Son corps se dissocia tout à fait, écartelé entre l’être humain démuni par sa propre curiosité et la milicienne qui prétendait contrôler jusqu’à la moindre de ses manifestations. D’un côté, elle se vit recevoir son baiser, peut-être le lui rendre, s’abreuver de son souffle puisqu’il ne lui laissait pas d’autre choix – s’excusait-elle hypocritement ; elle se vit submergée par la mâle et chaude odeur que son corps éprouvé par la course exhalait, la soie de sa propre bouche brûlée par la rugosité de sa langue ; elle se vit mesurer ce baiser à l’aune du tout premier, donné du bout de ses lèvres maculées de mort et de sang, et céder à la véritable désaltération qu’il représentait – une brûlante fraîcheur qui n’avait rien de commun avec la chaleur de leur propre peau ; mais de l’autre, elle se souvint de l’envie impérieuse d’anéantir le monstre qui l’avait prise aux tripes ce jour-là, qui l’avait mordue jusqu’au sang dans un refus invincible de devenir sa proie ; alors elle revint brusquement à la réalité et à ce qu'elle devait être.

Elle voulut croire qu’elle ne lui avait pas rendu son baiser.

Si sa bouche s’était bel et bien écrasée sous la sienne, son corps ne s’était pas alangui entre ses bras. Elle ne s’était pas abandonnée et ce constat, proprement miraculeux, menaça d’ouvrir sa gorge gonflée de sanglots trop longtemps retenus. Elle comprit sans tarder que la milicienne, que la machine avait fidèlement, salutairement pris le relais sans même qu’elle n’en ait véritablement eu conscience ; qu’elle avait moins lâché la bouteille d’eau pour exprimer un désarroi absolu que pour se ménager la liberté de dégainer son couteau de combat afin de le glisser contre la gorge palpitante de l’ancien vainqueur, joliment rompue par l’essoufflement de leur baiser. Ses yeux, trop grands ouverts encore, fixement accrochés aux siens, trahissaient son désordre intérieur sans qu’elle ne le sache ; mais la courbure de son bras, elle, était on-ne-peut plus ferme. Si elle ne prit pas la peine de se dégager de son étreinte pour commencer, elle ne l’en força pas moins à reculer son visage, dans le même mouvement qu’elle, d’une franche pression de la lame. Alors, elle put inspirer profondément, se purger de la chaleur qu’il avait traitreusement injectée dans son ventre et apaiser la piqûre de ses yeux d’un long cillement.

« Vous souvenez-vous de quelque chose… ? » lui demanda-t-elle enfin d’une voix enrouée par la soif qu’il avait cherché à lui transmettre.

Il lui faudrait absolument mettre un terme à l’absurde mission de surveillance qui la liait à lui. La moindre similitude avec le jour qu’il avait fallu lui faire oublier devait la jeter dans un bouleversement irraisonné. Elle s’était de toute façon compromise, admit-elle intérieurement, comprenant enfin qu’il était parvenu à s’immiscer dans les fissures qu’il avait lui-même constituées au moyen d’assauts en apparence anodins. Du haut de ses remparts fragilisés, elle s’apercevait que sa présence ne lui semblait plus aussi intolérable, qu’il y avait désormais, en dépit des semaines de sursis qui les avaient séparés, quelque chose de l’ordre de la familiarité, de l’habitude dans les contacts qu’il lui imposait ; que sa peau ne brûlait déjà plus la sienne comme l’aurait fait celle d’un étranger. Pourquoi l'avait-elle à ce point ménagé ? Pourquoi, s’interrogea-t-elle en raffermissant sa prise autour de son arme, ne lui avait-elle pas violemment mordu la langue comme elle aurait dû le faire ? Parce qu’elle avait stupidement craint que le sang n’envahisse à nouveau la bouche de cet homme-là et n'éveille une mémoire qu'elle aurait voulue à jamais enterrée.


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Matthias Petersen
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MessageSujet: Re: And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4   And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4 EmptyDim 22 Juil - 0:39

   FEATURING Katsiaryna & Matthias
 Il avait rêvé tout ça et le songe lui accrochait à la peau – il avait toujours été doué pour l’onirisme, les yeux mi-clos, la bouche happant une autre, la langue cherchant la sienne et les mains voraces et joyeuses sur un corps étranger. Il rêvait en couleurs – non … pas en couleurs, mieux que ça, en nuances d’or et de bleu impossible à trouver encore en ce bas monde. Il y avait des ciseaux sur ses lèvres et des rondeurs juste derrière. Ou plutôt le contraire. Le confluant des vertiges était là, à la pointe rose de leurs souffles emmêlés. C’était comme embrasser une abeille, le bourdonnement délicieux, l’arrière-gout de miel et le dard qui venait fatalement après. Il aurait voulu plus, son corps déjà anticipant celui de la blonde. Il réagissait avec tout l’empirisme d’un désir douloureux qu’on effleurait d’une main vertigineuse. Dans son esprit, il l’avait déjà délesté de ses vêtements et elle des siens. Ils ne risquaient rien ici. Les caïmans seraient complices, le soleil les cacherait de sa chaleur frondeuse, les herbes se feraient rempart et les troncs s’arboreraient en tours. La forteresse était ocre et verte, magistralement bouillonnante, à son image. Il touchait enfin, l’urgence au bout des doigts se recroquevillant sur les tissus rêches et le bruit d’un cliquetis en alerte tranquille lui parvenant aux oreilles.

(Dommage)

L’azur s’était fait sombre, refusant d’abdiquer tandis qu’elle le maintenait dorénavant à distance raisonnable, la lame amoureusement calée sur sa pomme d’Adam sans défense. Pendant quelques secondes, cela n’eut aucune importance. Sa bouche était à nouveau déserte et réclamait de toute ses forces le moelleux des siennes, l’eau scintillante sur son palais, son abondance. Il y avait eu tant de soulagement pendant quelques secondes, le vide dans l’esprit, rien d’autre que l’importance de glisser ses mains entre ses cuisses comme un affamé qui pouvait enfin contempler les délices du sel et du pain chaud. Il l’avait sentie presque tendre sous la pression d’un baiser volé, or maintenant les lèvres n’étaient qu’une blessure carmin, la suspicion sévère dans les recoins qu’il aurait désiré mordre.

Il inspira d’un coup sec, la pomme d’Adam raclant le froid de l’acier.

Bien sur qu’elle était armée, bien sur qu’il sentait sa surprise aussi intensément qu’un éclair en plein champ un jour de tempête.  « Vous souvenez-vous de quelque chose… ? »  Il fronça les sourcils, il s’était attendu à autre chose en fait. Il aurait pensé qu’elle se serait insurgée de la liberté prise, qu’elle l’aurait menacé – avec raison – de ne plus jamais agir de la sorte mais elle insistait pour tout autre chose. Pour son travail. Il eut un rire rauque qui s’étouffa sur l’émail de ses dents dés sa naissance bâtarde. « C’est quoi le rapport avec le fait que j’ai envie de toi ? »  Il arqua un sourcil, l’infraction croissante et déraisonnable dans le scintillement de l’œil. Il avait été là, à respirer lourdement, les yeux voilés et toute ces fringues inutiles entre eux mais à aucun moment il n’avait anticipé cette réaction-là. « Je ne comprends pas. » Il avait murmuré dans un premier temps, se reculant d’un pas, un seul, et ce sans pour autant encore écarter la main dangereuse.

Elle pouvait l’éventrer ici et sans cérémonie, il en avait entièrement conscience. Un mince filet de vent le traversa de part en part, gonfla son torse vers les marais ensoleillés. Une sorte d’horrible déplaisir le parcourut : elle avait peur ? De lui ? Ça n’avait aucun sens. Il leva son regard vers les cimes des saules-pleureurs cette fois-ci, l’âme intrigué, la réflexion ouverte bien que prudente. Ce n’était pas de lui dont elle semblait se méfier en fin de compte. L’œil s’illumina sous les pensées. « Vous ne voulez pas que je me souvienne. Ni toi, ni le doc. » Il cilla avant d’avancer à nouveau, le froid du fer en nouveau talisman de perdition. Il se campa avec assurance devant elle, le pilon chaud d’une terre amère tressautant d’une vie inconnue sous lui. Ayalone lui avait permis bien malgré elle d’entrevoir l’hôpital et la forêt, une mallette et le visage inquiet de Béatriz mais il y avait des murs partout dans ses souvenirs, infranchissables et moroses, dont les ombres recouvraient le moindre reste, la plus petite parcelle existante. « Tu sais ce qu’il s’est passé ? » Il ravala ses mots, la lumière du jour s’engouffrant dans les crevasses humaines qu’ils étaient. « Bien sur que tu sais. L’incendie et tu m’as sauvé. » Il la fixa à travers un voile périlleux, l’épreuve lourde au bout des cils, ignorant la menace de son poignard sur lui. Le silence eut l’apparence d’un mortier dans sa gorge, une impression étrange d’angoisse et de vitalité sanglante dans le ventre. « Je t’ai déjà dit, ça ne m’intéresse pas de savoir comment tu m’as sauvé. Je sais juste que tu l’as fait. Je me doute que si on m’a collé une milicienne dessus, ce n’est pas pour mes beaux yeux. J’aurai aimé… mais je sais bien. » Elle l’avait bien assez dit qu’elle n’était là que par obligation, le spectre d’une mission particulière. Il l’avait invité, trop heureux de pouvoir renouer avec la femme aux menottes qu’il avait vu une première fois quand il portait encore l'uniforme des pompiers. Elle s’était retrouvée à nouveau sur son chemin et il voulait la vérité mais ça ne changeait pas grand-chose à sa gourmandise assumée à son égard.
Il n’aurait pas dû avoir à expliquer ces choses, et elle n’aurait jamais dû devoir le regarder comme s’il était celui qui la détruirait. Voilà qui était injuste. Il refusait peu de chose, la complaisance toute pétrie d’une indolence si aisée et facile qu’elle en devenait parfois intolérable mais la façon dont elle se montrait défiante en cet instant, il ne l’accepta pas vraiment. Il y avait des monstres dehors, dedans, partout et elle le tenait à l’écart de souvenirs précieux peut-être. Pire, elle semblait y voir une raison suffisante pour le tenir également loin d’un corps qu’il savait pouvoir admirer de près. De terriblement près.

Il s’avança d’un pas, la lame en filet rouge sur la clarté perçante du cou. « Je ne me souviens pas. C’est ce que tu veux entendre ? » Il laissa ses doigts courir sur les mèches d’orge et l’oreille, le toucher jusque dans le regard. « Et si je finis par le faire, il se passera quoi ? Tu devras me liquider ? » Il chuchota, les secrets bien enfouis entre eux comme des amants les matins rassasiés dans des lits bienheureux. « J’espère qu’ils enverront quelqu’un d’autre. » L’aveu était restreint sous la sainte résolution. Il caressa son visage d’une main sage, les doigts courant sur l’angle de la joue pour venir se nicher sur la nuque. « On finira par le faire, ça ne peut pas ne pas arriver avant d’arriver. Puis ça démarrera, comme un moteur, tu sais ceux d’avant la fin du monde, et ça tournera et tournera jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à brûler. » La superstition s’enroula autour de sa langue tandis que les doigts longèrent la colonne sinueuse. « Si tu as reçu des ordres et que tu veux faire maintenant, vas-y. Mais… » Il secoua son visage, la douleur inaltérable au creux des iris. « Je ne me souviens pas. Ça me tue un peu déjà. » Il laissa les déboires avec Ayalone de côté. Tout était trop fébrile pour que quoi que ce soit n'ait de sens. Les gens parlaient toujours de la mort mais c’était la vie qui consumait. Ce n’était pas l’arme blanche qui avait de l’importance, c’était le désir de l’embrasser encore, les mains fécondes sous la peau fragile. De sa main libre, il tenta d’écarter le bras tenant l’arme, la ramenant plus près de lui. « Tu veux savoir comment tu goûtes ? » C’était plus important tout de même. « Comme de l’eau qu’on a passé à travers des rayons de miel. » Il approcha son nez du sien, les cils presque en écho discret au sien, le dos un peu rond vers elle.
Il eut un flash sournois et insensible. La même mallette posée sur une chaise d’hôpital et elle pâle et ravissante, les lèvres en un murmure muet, s’appuyant contre les troncs cendres de la forêt. Il cligna des yeux, la douleur fugace sur le torse, la sensation immuable de sables éternels sous ses pieds. Elle est milicienne, ducon. Les miliciens n’étaient rien d’autre que des mannequins de tissus gonflés d’un peu de souffle et d’un dé à coudre de sang. Lorsqu’ils se déchiraient, personne d’autre que ceux qui les aimaient ne s’en émouvait. C’était cruel, vraiment. Trop peut-être. Il hésita une seconde, puis deux, le souffle avide contre les parois qu’elle offrait résolument. Raiponce en haut d’un château en ruines, imperméable aux vents violents et aux pluies torrentielles. Les machines humaines ça n’existait pas aurait-il pu ajouter. Lui, la sentait pourtant chaude et émotive. Il flairait le cœur sous l’odeur de mitraille tel un festin un jour de liesse. Il percevait aussi sans pouvoir rien y faire le choc de son propre désir lui assaillant les omoplates.
Il sentit par-dessus tout Katsiaryna respirer, comme si Alligator Bend se gonflait et se comprimait dans l’espoir de la remplir, la vider et la remplir de plus belle. Son odeur le cingla, dorée et métallique. Elle sentait les noisettes ingurgitées de bon matin, l’eau claire et la peau crépitante d’un effort heureux. Il allait l’embrasser encore, céder à son impulsion malgré l’alarme vénéneuse qu’il pouvait détecter dans l’azurée rigide de la biélorusse. Il bifurqua alors, préféra ne pas tenter une énième rebuffade, s’appliquant à une discipline qu’il ne pensait même pas avoir, l’impulsion hypnotique contre l’oreille, la voix étranglée par l’ascétisme qu’elle lui opposait, le timbre profond de velours au fond de sa gorge comme une étendue de boue fraîche un jour d’été. « Je pourrais te dire ensuite si ton parfum est le même partout. Si tu veux, je peux être raisonnable, commencer par la poitrine pour ne pas t’effrayer puis descendre ici, la langue râpeuse et toi en bol de lait, killinger, » Il traça, la peau convenable sur le tissu aberrant. Il s’arrêta au ventre, l’arbitraire incisif. « puis mordre l’intérieur des cuisses pour remonter voir si le miel est constant. Il n’y a pas besoin de se cacher pour ça. Il n'y a pas besoin de souvenirs. »

Il cru la voir serrer des dents pour lui montrer qu’elle n’était pas douce et ne le serait jamais.

Il passa son bras entier autour d’elle.

( L’un d’eux devrait reculer mais ce ne serait pas lui.)
 



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MessageSujet: Re: And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4   And I don't believe that paradise is lost ▲ Matsiaryna #4 EmptyMar 24 Juil - 18:27


« And I don't believe that paradise is lost »

Matthias & Katsiaryna
featuring

Katsiaryna peinait à discipliner sa respiration. L’homme qui se tenait face à elle – contre elle – semblait devoir prendre de plus en plus de place et menaçait de rendre l’air irrespirable par la présence impérieuse de ses mains sur elle et l’orage voluptueux qui assombrissait son regard comme l’éveil d’une sieste l’aurait fait de celui d’un fauve. Elle percevait encore, comme on pouvait percevoir sur sa peau la chaleur persistante d’un rayon de soleil tout juste disparu derrière quelque nuage, la diffusion brûlante de son souffle lorsqu’il s’était mêlé au sien – une forme de délivrance, aurait-elle juré. Elle savait que sa bouche en portait la trace ; un léger enflement, un rosissement plus prononcé. Pourtant elle s’efforçait d’y imprimer le pli incisif et sévère qu’elle arborait ordinairement ; de ne pas l’entrouvrir de stupeur – ou d’un sentiment moins avouable – comme la gorge de Matthias Petersen roulait intrépidement contre sa lame. Le froncement de ses sourcils, dont l’arc était habituellement si souple et joyeux, acheva de lui signifier qu’elle venait de commettre une erreur : le rire rauque qu’il laissa échapper comme un verre qui se brise, son interrogation saturée d’une douloureuse candeur, tout chez lui devait brutalement lui rappeler qu’il donnait à son désir une forme de pureté, d’innocence et de gratuité qu’elle-même venait invariablement souiller de sa rigidité professionnelle ; elle rendait tout pénible, quand il voulait tout rendre simple. Elle lisait tout cela dans l’incompréhension presque enfantine qu’il avait au fond des yeux.

Il n’y eut en revanche rien d’enfantin dans sa déduction – qu’elle ne chercha pas à démentir –, dans l’aplomb de son pied lorsqu’il s’approcha de nouveau après avoir amorcé un mouvement de recul, au mépris de la morsure métallique qui le menaçait. Elle se livra sans tressaillir au jugement mêlé de défi qui durcissait maintenant son regard, au rappel qu’il lui fit sobrement de son imposture, avec une ironie touchant plus à l’amertume qu’à la raillerie. Il avait déjà admis sans ambages sa difficulté à croire l’étrange miracle dont il avait été l’objet, et une fois encore, le mélange de lucidité et de regrets qui infléchissait sa voix lui fut douloureux à entendre. Elle percevait l’intime déception qui lui nouait tout le corps et gonflait un peu plus sa gorge contre le tranchant de sa lame comme il s’avançait d’un pas supplémentaire ; mais sa main ne faiblit pas lorsque le métal entama sa peau et qu’un sang qu’elle aurait préféré ne plus jamais verser en perla timidement la surface.

« Vous n’êtes pas du genre à me dire ce que j’ai envie d’entendre, répondit-elle d’une voix à peine audible, que l’amertume d’un sourire invisible tordait un peu. C’est peut-être la seule chose que nous ayons en commun. » Elle dut se faire violence pour ne pas se soustraire à l’envahissement de son toucher, comme pour éprouver son endurance à l’agressive sensualité qu’il cherchait à lui communiquer – elle ne se laisserait pas étourdir, se convainquit-elle en se raidissant un peu plus contre lui. « Vous ne seriez qu’un cadavre de plus. » ajouta-t-elle tout bas pour confirmer son hypothèse et dissimuler à sa propre conscience ce qu’elle commençait tout juste de comprendre : en vérité, elle ne s’inquiétait pas tant du sort qui lui serait réservé si les expériences gouvernementales aboutissaient à un échec que de la cohabitation de cet esprit sain, jovial et généreux avec l’atroce vérité d’un massacre dont il n’aurait jamais pu – elle en était intimement persuadée – se rendre coupable. Il y avait eu l’arène, bien sûr ; mais c’était tout autre chose encore et le vainqueur n’avait jamais cherché à produire de la pulpe avec la chair de ses infortunés concurrents.

Peut-être retrouvait-elle un peu du monstre qu’elle avait rencontré ce jour-là lorsqu’il dévisageait si franchement son propre plaisir, comme étranger aux convenances sociales et à la pudeur qui les cimentait. Rien ne semblait pouvoir brider la vérité simple qu’il se faisait de son corps et de ses désirs, et la désinhibition qu’il opposait à son indécrottable retenue avait tout à la fois quelque chose de sublime et de terrifiant.

Elle eut beau s’en défendre, l’écoulement de son murmure atteignit son bas ventre et fit un peu plus éclore l’acuité de ses sens ; la suave moiteur de sa paume sur sa nuque adoucit à ses oreilles le scandale de ses prédictions mais souligna la douleur qu’il gardait au fond des yeux pour n’avoir pas encore eu le malheur de se souvenir. Elle se sentit l’envie dangereuse de lui expliquer, ne serait-ce qu’à demi-mots, la prudence à laquelle il devait se tenir et les raisons qui rendaient l’ignorance préférable à la connaissance ; or elle n’avait que rarement éprouvé le besoin de fournir cet effort, de sacrifier la pleine sincérité à la nécessité d’un pieux mensonge ou d’une omission.

Son bras se mit traîtreusement à fléchir. Sa lame, l’espace d’une seconde, devint moins pesante sur la peau du vainqueur. Elle voulut se convaincre que l’affolement de son pouls devait tout à la précarité de sa propre situation, au mensonge qu’elle aurait probablement à fabriquer, et rien à la proximité de Matthias Petersen ; la façon toute suspecte qu’il avait de la poétiser en lui parlant de son goût lui parut obscène – crut-elle ; et elle se maudissait déjà de l’oublier aussitôt pour ne considérer que la tendresse qu’il avait au bout du nez, que l’enveloppement de son corps au-dessus du sien, à la manière d’un cocon. Soudain, sa vision périphérique blanchit étrangement et elle oublia tout ce qui respirait autour, tout ce qui était susceptible de détruire encore un peu plus la face du monde ; elle s’oublia en dépit des efforts qu’elle ne cessait de fournir pour respirer profondément et ne pas s’abandonner tout à fait.

Dans cet état singulier où les sens l’emportaient sur la pensée rationnelle, elle comprit intimement qu’il avait un autre baiser au bord des lèvres ; et le combat qu’il mena contre lui-même pour ne pas l’égarer sur sa bouche l’émut secrètement. L’alternative qu’il choisit ne lui laissa pas le moindre répit, cependant : le murmure grave qu’il fit couler dans son oreille répandit bien malgré elle un feu courant dans ses veines et le long de son échine ; elle sentit, un trop long instant, ses paupières s’alourdir de bien-être ; et si ses mots l’indignèrent – il parlait avec une telle facilité de ce qui aurait pu la faire gémir –, le cheminement de ses doigts lui creusa invinciblement le ventre. Mais elle dut bien se reprocher durement la réceptivité nouvelle de son propre corps et serrer les mâchoires, rassembler ses forces pour ne pas fondre, pour ne pas se liquéfier entièrement. Le resserrement de son étreinte lui arracha un inaudible juron. Excédée par ses faiblesses dignes d’une adolescente connaissant ses premiers émois, elle finit par rengainer son couteau pour refermer impérieusement ses mains autour du visage de Matthias Petersen. Elle ne l’embrassa pas. Déterminée à se montrer aussi honnête que possible sans trop trahir les exigences de sa mission, elle le regarda au fond des yeux : « Vous me faites confiance, remarqua-t-elle d’une voix incrédule. Je le sens et j’ignore d’où vous vient une telle naïveté, mais vous me faites confiance ; alors écoutez-moi. Il est des choses dont il vaut mieux ne pas se souvenir, monsieur Petersen. J’ai l’intime conviction que ce qui s’est passé ne vous appartient pas et ne doit pas réintégrer votre mémoire. Cela n’a finalement pas grand-chose à voir avec quelque secret compromettant que le Gouvernement aurait à cacher – nous n’en sommes plus là, n’est-ce pas. » Pourquoi se rappeler un acte qu’il n’aurait jamais pu commettre de son propre chef ? Pourquoi assumer un souvenir qui n’aurait jamais dû lui appartenir ? Elle balaya résolument l’idée qu’elle puisse s’être fourvoyée à son sujet et poursuivit sur le ton de la confidence : « Quant à l’absurde envie que vous avez de moi… Elle m’exaspère et ne me convient pas. Vous parlez de votre corps avec une liberté que je n’ai pas, vous le vivez comme une échappatoire là où je ne peux me permettre de détourner les yeux de mes devoirs et de l’horreur du monde ; or, contrairement à ce que vous semblez croire, j’ai déjà compris – depuis trop longtemps sans doute – quel genre de dangereuse distraction vous représenteriez si je vous cédais. » Sans doute envisageait-elle leur situation d’une manière trop solennelle ; mais elle se moquait bien du ridicule que pouvait lui donner sa gravité. Ses mains s’attardèrent une seconde de plus sur la rugosité de sa barbe ; puis elle le repoussa enfin, s’arracha fermement à son étreinte. « Vous avez des goûts désastreux et vous me forcez à en faire un drame, lui reprocha-t-elle d’une voix qui semblait avoir un peu perdu de son sérieux. Poursuivez plutôt des femmes souriantes et légères comme vous, au lieu de me comparer à un bol de lait. »

Elle se détourna orgueilleusement pour ramasser la bouteille d’eau qui avait roulé au sol et reprit sa course en invitant l’ancien vainqueur à la suivre. « Au fond, il ne me paraît plus du tout nécessaire de garder un œil sur vous, déclara-t-elle par-dessus son épaule. J’informerai mes supérieurs de ce que vous êtes devenu – ou plutôt : de ce que vous avez toujours été – un homme exemplaire. » Il était beaucoup plus simple de ne pas céder, se persuada-t-elle dans un froncement de sourcils résolu.


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