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 Warriors • Rafael&Ayalone

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Ayalone V. Hastings
SUCKER FOR PAIN

Ayalone V. Hastings
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↳ Opinion Politique : Peu importe leur quelques défaillances, Aya veut rejoindre leurs rangs quelqu'en soit le prix à payer !
↳ Niveau de Compétences : Niveau 2 général, niveau 3 concernant ses sens et l'annihilation de la magie.
↳ Playlist : These streets - Bastille.
↳ Citation : ‹‹ Building a castle made of lies and mistakes. ››
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MessageSujet: Warriors • Rafael&Ayalone   Warriors • Rafael&Ayalone EmptyLun 11 Juin - 22:06

bound by hatred
Rafael & Ayalone




La douleur, la honte, la déshumanisation. 
Dans ce genre de situations si l’on avait rien à quoi se rattacher, ni l’amour, ni la haine, alors on sombrait dans la folie. Heureusement pour elle, Ayalone était faite de haine, chacune des parcelles qui composait son corps était emplie de colère, contre tout, contre tout le monde. C'était ce qui la formait et c'était ce qui la faisait tenir debout, une fois encore.

Il y avait à peu près un mois de ça, la voleuse d’énergie avait vu sa nature révélée aux yeux de tous et dans la foulée, elle avait perdu son métier, sa liberté et tout le petit empire qu’elle s’était construite depuis sa sortie de Darkness Falls. Son affaire, son précieux pécule qui lui avait permis d’accéder à un train de vie respectable pour la princesse qu’elle était - qu’elle avait toujours été - on lui avait tout prit, on avait tout rendu inaccessible en la jetant en prison. Pour qu’elle apprenne lui avait on dit, pour qu’elle comprenne : un monstre comme Ayalone n’avait pas le droit de se moquer du Gouvernement comme elle l’avait fait. Elle avait à peine le droit d’exister. Et c’étaient eux qui la possédaient maintenant. Son âme, son corps, qu’elle souffre ou non dépendait à présent du bon vouloir de personnes qu’elle ne voyait même pas et qui agissaient par l’intermédiaire d’autres personnes, des pions. Rien que des pions. 
Mais des pions efficaces qui avaient su la torturer, qui avaient su l’humilier, qui lui avaient arraché cris et larmes à force d’acharnement. Ils l’avaient blessée, ils avaient créer une fêlure et dans l’esprit de la voleuse d’énergie, un changement : ce n’était pas intégrer le Gouvernement qu’elle voulait, c’était le renverser. Le démanteler pièce par pièce pour en prendre possession. Changer leurs lois stupides, changer leurs idéaux dépassés et leur techniques barbares. C’était à ça qu’Ayalone se raccrochait alors qu’on la rouait de coups, c’était à ça qu’elle pensait quand on venait la chercher pour lui faire subir des expériences, c’était en ça qu’elle croyait quand, après l’avoir laissé des jours durant seule dans le noir, on lui demandait de supplier pour qu’on lui offre enfin un humain en pâture, pour qu’elle puisse assouvir sa faim démoniaque. On avait rit d’elle quand, transformée par cette même faim dévorante elle s’était mise à agir comme un animal en cage, quand de toutes les forces de son corps amaigrit elle s’était mise à cogner la porte, à la griffer jusqu’au sang, jusqu’à s’arracher mêmes ses propres ongles. Et on lui avait répété qu’elle n’était que ça, qu’un monstre, qu’un déchet en marge de la société à peine bon à servir, pendant plus d’un mois. Et ça n’avait fait que décupler la rage d’Ayalone, parce qu’elle ne pouvait pas réagir autrement en leur présence, parce que c’était comme ça qu’elle leur tenait tête et parce qu’elle y croyait vraiment : viendrait un jour où elle aurait sa revanche. Elle avait vécu pendant six siècles en enfer, ce n’étaient pas une poignée d’Hommes aux ambitions étouffées qui la feraient tomber. 
Mais elles étaient doués ces personnes et même si elles ne savaient pas faire rompre la belle rousse, il arrivaient tout de même à la faire plier. En leurs mains elle ne pouvait faire que ce qu’ils voulaient d’elle, elle devait s’abaisser, courber l’échine et leur faire horriblement plaisir en jouant à leur pièce de théâtre macabre, jour après jour. Elle était devenue une de leur jouets, un passe temps, le lion auquel on donnait les personnes qu’on voulait voir mourir. Et elle en avait tué des gens. Des personnes dont elle ne connaissait pas le visage mais dont elle avait vu les souvenirs alors qu’impuissante, morte de faim, elle buvait avidement jusqu’à la dernière goutte de leur existence. Ils avaient des droits sur elle, des droits sur le moindre de ses besoins et en abusaient à outrance pour lui rappeler qu’elle était à eux, qu’elle leur devait chacune de ses douleurs et chacun de ses bonheur. Mais Ayalone n’était à personne et elle ne l’avait jamais été. Ils n’avaient d’elle qu’une carcasse, ils n’avaient d’elle que le pire. Le meilleur, sa capacité à réfléchir, à manipuler, sa persévérance et sa foi en ses idéaux elle les gardait, précieusement enfermés dans une boite pour la conservation de laquelle elle mettait en œuvre toute ses forces, les laissant détruire tout le reste.

La pièce où on la gardait était petite, étroite et Ayalone avait du mal à s’y allonger totalement. On ne lui avait d’ailleurs pas donné de lit, pas même de matelas ou une couverture : elle valait moins qu’un chien alors elle n’avait pas le droit à leurs privilèges. Souvent on la laissait dans la noir, on lui servait même sa nourriture de cette manière, pour éviter qu’elle ait des ombres avec lesquelles se défendre contre eux. 
Sur son corps maltraité, on ne voyait que les incisions datant de la veille et à un endroit, les ongles de sa main qui n’avaient pas encore totalement repoussé. Le reste s'était effacé avec sa capacité d’auto régénération mais toutes les marques qui avaient disparues de sa peau semblaient avoir prit place dans son esprit. 
La Daybreaker leur en voulait, elle leur en voulait à mort et chaque jour elle attendait une erreur, une faute de leur part pour en profiter et leur arracher la gorge de ses propres mains. 


En attendant, elle leur offrait des regards de haine, des regards sauvages qui étaient toujours mieux que de se laisser transformer en mort vivant comme ils le voulaient d’elle. Alors c’était ainsi qu’Ayalone fixait la porte quand Rafael apparut dans son entrebâillement. Un instant, dans les grands yeux de la belle rousse passa un lueur, le reflet d’un sentiment autre que sa rage, le reflet de la plaie béante qu’ils avaient ouvert dans son âme. Puis en songeant qu’il pourrait être contre elle, qu'il pourrait être avec eux, qu’il pourrait ne pas être venu la sauver, son regard reprit ses ombres. Mais elle ne dit rien, elle attendit en silence, sans un mouvement, sur la défensive, assise contre un mur de la pièce. Sur la défensive mais prête à attaquer.

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Rafael A. Morienval
« Le prodige et le monstre ont les mêmes racines. »

Rafael A. Morienval
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↳ Métier : Chef des Services Secrets et de la protection rapprochée du Gouvernement.
↳ Opinion Politique : Pro-Gouvernement; il croit en la justice, il croit en la nécessité d'un pouvoir centralisé et totalitaire; il n'a jamais rien connu d'autres et ne conçoit pas qu'autre chose puisse fonctionner
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↳ Citation : C'est de cela dont j'ai vraiment peur. D'être véritablement un monstre. Je n'ai pas envie d'être un tueur, mais je ne peux pas m'en empêcher.
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MessageSujet: Re: Warriors • Rafael&Ayalone   Warriors • Rafael&Ayalone EmptyMar 26 Juin - 0:25


 
Ayalone
Rafael
« warriors »


Une odeur persistante que charrie l’atmosphère, des râles et des respirations embourbées de culpabilité, de colère et de trahison. Les dessous du bâtiment sont lourds, lourds de l’attente, lourds de crasse et de douleur. Ce ne sont que des bêtes, ceux qui sont parqués dans des cages, assoiffés de liberté, déshumanisés, arrachés au temps, arrachés aux jours, arrachés aux heures qui s’écoulent et s’égrènent loin d’eux dans des semaines volatilisées, consumées par le silence.  Un silence que chacun de mes pas brisent. Talons frappés sur le sol, mots claqués dans des syllabes aussi incisives qu’autoritaires. Je brise le silence, je brise mes chaînes, je brise ces contraintes qui me retiennent, dans des regards glacés, dans une certitude affutée au contact de la trahison, de cette trahison qui m’écœure, qui m’étouffe et qui m’enveloppe, avec cette amertume que seul le poison sait déposer sur les lèvres, que seul le poison sait distiller dans l’alcool et l’ivresse de la liberté, cette liberté chérie oubliée, délaissée, vendue et asservie par la loyauté, cette loyauté brisée, cent fois trompée, flouée, fendillée par de l’abus, cet abus qui n’est que trop. Bien trop. Mes pas brisent le silence, le piétinent et le détruisent, je brandis ma colère, je brandis ma royauté, je brandis ce pouvoir que je tiens entre les mains pour peu de temps, encore, un temps que je dilapide en ordres et menaces, comme un compte à rebours que je refuse de regarder dans les yeux. « Hastings. » Le nom se perd entre mes lèvres, siffle dans l’air, impose des mots sous-entendus, une question qui n’en est pas une. Je veux savoir où elle se trouve. Je veux qu’on m’indique sa cage, à la créature prise au piège. Je veux et j’exige. Et le temps se perd, une fois de plus, s’écharpe, une fois encore, contre la nasse des doutes et des suspicions qui m’insupportent. Qui m’impatientent. Mon regard se durcit, mes traits se serrent, se tendent, invitent à l’accélération, invitent à l’obédience. Ne trouvent qu’un peu plus de méfiance. Le loup gronde en mon sein, me chuchote de le laisser faire, de le laisser faire couler le sang, de le laisser faire plier les insubordonner, d’imposer par la force ce que l’aura ne suffit plus à intimer. Le loup se propose en alternative, en violence pour combler le vide laisser par l’influence. J’inspire. J’attends. Ces couloirs invitent à l’oubli, invitent à la déshumanisation, invitent à la transformation de l’homme en bête, du Seigneur en carnassier, de l’humain en déchet. Suivez-moi, deux rétines glacées gèlent celles du geôlier. Ma main se griffe, enserre son poignet dans un mouvement vif. « Je ne suis ni votre chien, ni un simple visiteur. Je peux trouver seul mon chemin tout comme je peux trouver celui qui vous mènera dans une fosse commune. » Le loup hurle à la lune, le bourreau se délecte, j’ai cédé. L’attrait de la violence, verbale, un entre-deux doux-amer. Mais nécessaire. Mais suffisant. L’attitude change, le jeune coq devient poussin, devient amas de plume et de sang entre mes crocs, se rétracte en pépiant sous le regard méprisant de mes babines retroussées. Moqueuses. Il me délaisse après m’avoir indiqué un numéro. De cellule. Et quand mes pas reprennent, talons claquant, souffle noué, grondement de loup, le seigneur est à nouveau là.

Et le loup se rétracte. Lentement. Souvenirs de loup, souvenirs de muselières, souvenir de clou déchirant la fourrure, de plaies puantes, de saletés, de parasites, souvenirs de captivité qui ne sont pas les miens. Mais les siens. Mon pas ralentit, le loup se ramasse sur lui-même, défensif. Menaçant. Apeuré, je le sens. Pas mes souvenirs. Les siens, ceux de ces quelques années pris au piège dans des cages, dans des navires aux roulements de terreur. Ses souvenirs, pas les miens, et pourtant… Mes yeux trouvent la porte. Mes doigts trouvent le verrou, glissent un index, des empreintes, un code et de quoi en dissoudre la sécurité. Et la porte s’ouvre lentement, quand d’une main, j’impose le silence aux geôliers près à protester de tout leur zèle. Pas un regard dans leur direction. Juste un murmure. « Je ne risque rien, laissez-nous. Reculez. » Et mes rétines se perdent dans celles d’Hastings. D’Aya. Mon pas se décale sur le côté, l’invite à se lever, à sortir, à se diriger vers la porte ouverte d’une pièce blanche, dépourvue de meuble, uniquement chargée de silence et de propreté. « J’ai à te parler, Aya. Donc sors, traîne-toi là-bas. Le temps nous est compté, se décompte déjà. » Le loup hume l’air, m’informe qu’ils n’ont toujours pas reculé. Mes lèvres articulent en silence, la regardant droit dans les yeux. Tu pourras prélever ta paie, quand nous serons en tête à tête. Se nourrir sur moi, comme elle l’a fait tant de fois. Elle le pourra. Quand nous serons en tête-à-tête.

Quand elle se sera expliquée sur son identité. Je recule d’un pas. J’attends. Lève-toi, Hastings, drape-toi dans ta dignité, si tu es la moitié de la femme que j’ai recrutée comme informatrice. Lève-toi, prouve-moi que tu n’es pas une bête, que tu n’es pas un animal, que j’ai une excellente raison de faire ce que je m’apprête à faire. Sympathiser avec un monstre, pour faire chuter les démons.

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Ayalone V. Hastings
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MessageSujet: Re: Warriors • Rafael&Ayalone   Warriors • Rafael&Ayalone EmptyJeu 28 Juin - 23:01

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Rafael & Ayalone



Le visage de Rafael apparaissait à l'entrée de la pièce lugubre comme une vision irréelle.
Au milieu de cette souffrance, de cette horreur, il ressemblait à la personne la plus proche d'un allié qu'Ayalone pouvait avoir. Depuis plusieurs années ils s’entraidaient, troquaient informations contre services, ils se faisaient confiance dans un respect mutuel. Ils partageaient des valeurs et si leur entente n'était pas des plus chaleureuses au vue de leurs caractères respectifs, elle avait l'avantage d'être sincère et de n'avoir jamais présenté aucune faille. Ayalone avait toujours su compter sur ce précieux atout justement placé au Gouvernement, tout comme inversement il avait pu profiter d'une informatrice qui se trouvait au sein même de l'action, loin des murs bien gardés du Gouvernement. Sauf qu'entre temps il lui avait envoyé son meilleur ami, son garde du corps et sa grande personne de confiance, qui s'avérait justement être le premier grand amour d'Aya et entre autre, le meurtrier qui lui avait fait passer six cent ans de sa vie en Enfer. Ca avait destabilisé la belle rousse plus qu'elle n'aurait osé l'avouer, de revoir ce visage auquel elle pensait ne plus jamais devoir faire face et ensuite d'apprendre qu'il était le meilleur ami de la personne à qui elle faisait peut-être le plus confiance en ses temps de guerre. Et ensuite, tout s'était passé très vite avec la révélation de sa nature monstrueuse et elle n'avait pas eu l'occasion de revoir Rafael entre ses séances de torture et ses jours écoulés dans son cachot.
Alors qu’est ce que c’était ? Une ruse, un piège, une illusion ? Une visite de courtoise ? Ça ne ressemblait à rien de tout ça quand on voyait Rafael, droit et fier, comme toujours se tenant à l’entrebâillement de la porte avec son habituel regard distant. Ce regard si clair, jugeant, jaugeant, calculateur. Car si Ayalone avait ressenti une certaine pointe de bonheur de voir ce visage allié, elle doutait maintenant de ses intentions. Qui savait ce qui pouvait se passer en un mois en plus de ce que la jeune femme savait déjà ?

«« J’ai à te parler, Aya. Donc sors, traîne-toi là-bas. Le temps nous est compté, se décompte déjà. » 

La voix sembla raisonner un moment dans la petite pièce trop vide, arrivant à la blessée comme un échos lointain et lui faisant soudain se demander si on ne l'avait pas droguée.
Mais divagations ou non, les yeux de la belle soutenaient fixement ceux du brun, avec méfiance, avec défiance. Elle n’allait rien perdre de sa fierté, surtout pas devant lui.
Pourtant, toujours emplie de doute, la jeune femme continua à rester immobile, quelque peu plus droite, mais toujours appuyée contre le mur trop froid. Et soudain elle aperçu dans la lumière qui transperçait du couloir, les lèvres de Rafael mimer :

« Tu pourras prélever ta paie, quand nous serons en tête à tête. »

Non. Ayalone savait de quoi il parlait. Il voulait dire se nourrir. Elle ne voulait pas de ça. Sa raison ne le voulait pas. Mais son être tout entier le désirait obsessivement. Elle en avait besoin et elle le savait, tout comme lui. Ici, la jeune femme avait l'impression d'être plus prisonnière que jamais. Enfermée dans une cage et enfermée dans son corps. Comment aurait-elle pu ne pas s'étouffer sous le poids de la colère et du dégoût ? Mais la proposition était à considérer et la jeune femme voulait savoir ce que lui valait la visite de celui qu'elle voulait encore croire être son ami. Alors la voleuse d’énergie prit une inspiration en soutenant encore un instant le regard de Rafael avant de se redresser, doucement, encore affaiblie par le poids des blessures et de l'épuisement.
Passant devant lui, elle garda la tête droite sans une oeillade vers les gardes, les dépassant d’un pas de plus en plus assuré, jusqu’à rejoindre la pièce vide dont la porte était grande ouverte. A certains endroits, son corps était encore douloureux et du sang noir séchait au bout de ses doigts, ça n’avait pas d’importance, elle se tiendrait droite tout de même.
Une fois arrivée au milieu de l’immaculée, la jeune femme se retourna vers Rafael, ses bras délicatement croisés sur sa poitrine. 

- Que puis-je pour toi, Rafael ? 

La voix sorti de ses lèvres un peu enrayée, elle qui ne parlait plus vraiment que pour siffler quelques paroles de mépris quand l'envie lui en prenait.
Et leur relation si elle n’était pas proche d’une amitié fusionnelle était tout de même basée sur une certaine loyauté et un franc parlé qu’Ayalone appréciait. Et la jeune femme en était certaine : si Rafael était venu, c’était qu’il avait une bonne raison, une idée ou un plan soigneusement préparé que la jeune femme mourrait d'envie de se voir expliquer... Et puis surtout, parce que c'était plus facile de lui poser la question ainsi, que d'avoir qu'elle pouvait avoir besoin d'aide.

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Rafael A. Morienval
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MessageSujet: Re: Warriors • Rafael&Ayalone   Warriors • Rafael&Ayalone EmptyVen 27 Juil - 21:28


 
Ayalone
Rafael
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L’odeur m’agresse. Agresse le loup, agresse l’homme, agresse jusqu’aux plus élémentaires cellules de l’hybride que je suis. L’odeur et la force de son regard. Quand la bête lève le regard, le loup n’a qu’une envie : retrousser les babines, laisser un grognement lourd et sourd enfler dans sa gorge et soumettre celle qui est déjà soumise à la cruauté des bourreaux dont j’ai jadis été le parangon. Le loup hurle, l’homme la fixe et congédie d’un murmure des gardiens trop zélés, trop méfiants, trop insultants pour leur propre survie. J’ai les yeux rivés sur elle sitôt la porte ouverte, dans cette pièce lugubre, hurlante de colère et de rage, hurlante d’inhumanité, de déshumanité. Et sur sa méfiance, suintante, poisseuse, qu’exsude sa chair meurtrie et son regard brûlant. Qu’elle sorte, qu’elle s’extrait de ses lambeaux de peau décomposée pour goûter à nouveau au soleil, pour goûter à nouveau à la liberté de mouvement, pour qu’elle m’explique ses silences, sa place en ces lieux, qu’elle s’explique tout simplement, que je tranche et rende ma sentence. J’ai à lui parler, et c’est cela que je revendique, conscient, trop conscient que des hommes se traînent à côté de nous, s’attardent quand ils auraient déjà dû me laisser, faire confiance au Seigneur, à l’animal pour n’être là qu’un juge, juré et bourreau, prêt à appliquer une justice qu’ils n’ont de toute manière que trop de fois perdue de vue. Un soupir, le loup inspire, hume l’air, montre les crocs et articule sans un mot, sans une seule fois faire ronronner le son dans sa gorge. Qu’elle lise sur mes lèvres la paie qu’elle recevra, pour sa survie. Qu’elle comprenne que sortir de cette pièce sera le premier pas qu’elle fera en direction de l’extérieur. Le silence s’étire, prend place, dans ma posture détendue, dans la tension de mes épaules, dans la pression qu’infligent sur elle mes prunelles immobiles, rivées dans les siennes. Patientes ; Déplace toi, rejoins moi, explique-toi, explique-moi pourquoi j’ai saccagé les liens qui s’étaient noués au fil des mois entre Duncan et moi, assure-moi que tout cela vaut le coup, que je peux voir en toi une alliée sur laquelle miser. Assure-moi que je n’ai pas perdu mon temps en me déplaçant jusqu’ici.

Assure-moi que même une sorcière déchue peut savoir où trouver son intérêt. Assure-moi que je ne me suis pas trompé sur ce que tu es. Sur ce que tu veux. Sur cette pugnacité que j’ai toujours senti en toi. A moins que ça aussi, ça n’ait été qu’une hypocrisie de plus, qu’un mensonge de plus, qu’un secret de plus venu me narguer, se jouer de moi, une hypocrisie de trop, un mensonge de trop, un secret de trop qui scellerait ton sort. Je suis le dieu de ta survie, je veux me savoir le dieu de ta survie, aussi prompt à te tordre le coup qu’à briser les chaînes qui t’enferment ici. Le silence s’étire entre nous, jusqu’à cette inspiration et ce pas qui la rapproche de moi, dans des épaules droites, redressées, dans le port de tête d’une dame, dans le regard décidé d’une revanche. Elle garde la tête droite, sous mon sourire de loup, quand elle glisse entre moi et la porte, quand elle glisse vers l’autre pièce, immaculée ; d’un geste de la main, j’impose la fuite aux gardes. D’un regard, je leur promets mon mécontentement s’ils nous dérangent. D’un mouvement, la porte se referme dans un chuintement feutré. Et je m’oppose à ses bras croisés. Que puis-je pour toi, Rafael ? Sa voix enraillée résonne dans la pièce, je me glisse dans un coin, m’adosse à un mur, repère les caméras et prends mon temps pour répondre. Le temps, de simples grains de sable qui se dissolvent et s’effritent entre mes doigts, un temps compté, décompté, un temps qui se dilate dans les silences, se comprime dans les respirations. Que peut-elle pour moi ? « Des réponses. » Dans un premier temps.

Deux mots murmurés, sur ce ton d’évidence que j’affectionne, qui ne souffre aucune réponse autre que celle que j’attends, qui n’attend aucune réaction autre que celle que j’exige, qui n’exige que l’honnêteté, la franchise et l’obédience. « Tu connais Duncan. Tu fus une sorcière. Tu es celle à l’origine de sa transformation. Et ces trois vérités me mettent dans l’embarras. » Entend-elle le sous-entendu qui rampe sous mes mots, sous mes syllabes douces ? « Je veux des explications. Que tu me prouves que le peu de confiance que j’ai pu te confier n’était pas une erreur. Que tu m’expliques où se situe la limite entre le mensonge et l’ignorance. Que tu me confortes dans cette idée saugrenue que je n’ai pas perdu mon temps en venant te voir. Et que tu m’affirmes au passage que cela ne change rien à notre… » Le mot s’attarde sur ma langue, amer d’incertitude, acre d’inexactitude. « collaboration. » Le terme ne me convient pas, mais faute d’alternative, je me vois contraint de l’employer malgré tout. Collaboration, coopération. Que sommes-nous, l’un pour l’autre, qu’étions-nous ? Elle n’est plus informatrice, je doute de me maintenir encore longtemps sous le poids des chaînes d’argent que l’on fait peser sur ma nuque pour des raisons qui ne me suffisent plus. Une illusion qui s’étiole et me débecte de jour en jour un peu plus.

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